IA, ARTICLE AUDIO ET LOGO
Les médias impactés par l’IA, les versions audios des articles, la gestion de son logo par Apple : voici les sujets de cette dernière revue de web de 2023.
L’IA et les médias
Des questions se posent sur les répercussions de l’IA générative sur les rédactions. Sur le site Internet Meta Media, la journaliste Alexandra Klinnik du MediaLab de l’Information de France Télévisions commente la dernière édition de l’école de journalisme de Sciences Po à propos des nouvelles pratiques du journalisme à l’heure de l’intelligence artificielle (IA) et son impact sur les médias.
Les défis sont nombreux : l’utilisateur doit faire face à la nature opaque des systèmes d’IA et l’impact du biais algorithmique. Il est, en effet, difficile de comprendre comment les décisions sont prises. Ce fonctionnement entraîne des problèmes de transparence et de responsabilité. Les systèmes d’IA reproduisent aussi des biais humains, avec un impact négatif sur les groupes marginalisés.
Ainsi, la dépendance technologique présente un risque majeur. Les médias en expérimentent déjà les revers avec leur dépendance aux réseaux sociaux.
La désintermédiation pose aussi des problèmes. Selon l’ancien journaliste Charlie Beckett, la manière d’y répondre sera extrêmement importante. Pour l’essor de l’IA générative est un moyen pour “l’humain” de démontrer sa valeur et son talent.
Dans un contexte de désinformation massive, les rédactions doivent absolument se démarquer. Les médias doivent en effet adopter une stratégie IA : s’informer, élargir sa culture, attribuer des responsabilités, tester, répéter, élaborer des lignes directrices, collaborer et créer des réseaux.
La transparence est importante dans les rédactions et l’audience. les conditions doivent être définies clairement en élaborant des guidelines dans les rédactions, communiquant ouvertement sur ses peurs et ses espoirs. Les médias doivent également signaler les contenus créés avec l’aide de l’IA.
L’intelligence artificielle permet de nombreuses opportunités consistant à renforcer le journalisme de qualité : d’importants gains d’efficacité via la programmation, de nouveaux outils pour autonomiser les journalistes par la traduction et le reformatage, des produits d’informations et de services pour les audiences (par exemple, des chatbots de personnalisation), des ressources libérées pour rendre un journalisme encore plus “humain”, comme les enquêtes spécialisées et les reportages dans “le monde réel”.
En France, le média Big Whale utilise déjà l’IA depuis un certain temps, notamment pour des traductions. L’IA lui est aussi utile pour effectuer un travail de secrétaire de rédaction en corrigeant la syntaxe et la grammaire.
Depuis de nombreuses années, les journalistes font appel à des outils d’automatisation, dans le domaine de la collecte, du traitement et de la diffusion d’informations : résultats sportifs, électoraux, météo… L’IA générative permettent de rendre ces outils plus accessibles et plus puissants.
Ainsi, Politico utilise l’IA depuis plusieurs années. Le média, spécialisé dans les politiques publiques au niveau européen, emploie plusieurs outils automatisés : une plateforme de suivi législatif et de données publiques à destination des professionnels de la politique, qui “scrap” une variété de documents.
Enfin, selon Sylvain Parisie, chercheur au Médialab de Sciences Po, l’arrivée de l’IA générative a entraîné une diminution des coûts d’accès à l’automatisation, et ainsi rendu plus accessible des technologies et pratiques.
En 2024, une chaîne d’information diffusera des images générées par l’IA aux Etats-Unis. Sylvain Biget, journaliste du site Internet de Futura Sciences, présente le projet de Channel 1 dont les images et les présentateurs sont générés intégralement par des IA.
Une vidéo de présentation de cette chaîne d’information a été déjà publiée. Les présentateurs de la chaîne d’information n’existent pas malgré leur réalisme physique et leur voix. Si la vidéo est très crédible, des détails trahissent la génération des avatars par IA comme des mains avec plus de cinq doigts plus longs. Leur regard manque également d’intensité, malgré le réalisme. Par ailleurs, de véritables images d’événements seront utilisées, la chaîne explique que lorsque des vidéos n’existeront pas, elles pourront être produites par l’IA. En outre, les informations proviendront d’agences de presse réputées. Enfin, le patron de la chaîne a déclaré que des images générées par IA seront annoncées.
Avec ce procédé, la production souhaite générer entre 500 et 1 000 sujets par jour. Ils seront consultables via une application mobile et des plateformes vidéo. L’audience disposera de contenus adaptés à ces centres d’intérêt. Enfin, la chaîne compte sur les revenus publicitaires avec des annonces justement ciblées sur les préférences des téléspectateurs afin de se financer.
De l’audio au logo
De plus en plus de titres de presse écrite offrent des versions lues des articles sur leurs sites ou applications, avec des voix naturelles ou de synthèse. Le journaliste du site Internet de la Revue des Médias, Xavier Eutrope, a recueilli plusieurs témoignages d’utilisateurs de cette fonctionnalité.
Le quotidien Le Monde teste l’application La Matinale lancée en novembre 2022, depuis quelques mois sur une petite partie des utilisateurs de son application principale. D’autres médias proposent une fonctionnalité d’écoute : Le Monde diplomatique (225 606 écoutes en moyenne par mois en 2023), L’Express (30 000 écoutes par mois sur l’application et le site, deux à trois articles écoutés par utilisateur et par mois, 600 articles générés par mois), Mediapart (sélection de cinq articles par semaine, 24 000 écoutes par mois, avec en moyenne 14 000 auditeurs uniques mensuels) et Le Figaro. Libération prévoit aussi de se lancer en 2024.
Professeure d’histoire-géographie dans le secondaire dans le centre de la France, Élisa, 29 ans, est abonnée au Monde et à Mediapart. Elle lirait les articles qu’elle écoute si elle en avait le temps. Par ailleurs, elle écoute beaucoup de podcasts.
Soundoussia, 29 ans, attachée de presse, axe, quant à elle, sa lecture sur Le Monde, Le Figaro et parfois Le Parisien et écoute leurs articles pendant cinq et dix minutes. Elle écoute la revue de presse internationale de France Culture le matin et des podcasts du Parisien et des Échos.
Âgé de 30 ans, Timothée, le responsable digital dans les télécoms, est un auditeur quotidien de podcasts, surtout sur le chemin du travail. Mais l’écoute d’articles se limite aux moments sédentaires. Son offre préférée d’articles à écouter est The Economist.
Grand auditeur de podcasts et de radio, Stephan, 58 ans, travaille à l’intersection des nouvelles technologies et des médias. Il écoute une quinzaine ou vingtaine d’articles de médias principalement étrangers consultés par jour mais Le Monde se distingue par l’incarnation de ses contenus avec ces voix clonées. L’intelligence artificielle permet, en effet, de reproduire avec précision les intonations de voix d’acteurs. Selon l’auditeur, la plupart des autres médias font appel aux mêmes voix, les mots sont mal transcrits en audio, la lecture est toujours saccadée avec des grossières erreurs de retranscription.
Enfin, dans le magazine d’Arte qui analyse les images de notre époque, Les dessous des images, Sonia Devillers explique la gestion du logo par l’entreprise Apple. Cette marque veut posséder toutes les images de pomme et engage donc une croisade juridique.
Depuis sa création en 1977, le logo d’Apple a évolué en modifiant plusieurs fois sa forme et sa couleur, jusqu’à devenir la célèbre pomme monochrome. Afin d’exercer sa domination et son monopole, la multinationale attaque régulièrement en justice les associations et les sociétés qui emploient une pomme comme logo. Le graphiste à l’origine du logo de l’entreprise, Rob Janoff, raconte comment le symbole devenu culte a été créé. Benoît Heilbrunn, professeur de marketing, analyse, quant à lui, les liens entre la stratégie de la marque et l’évolution de son logo depuis un demi-siècle.
Meilleurs voeux !