MEDIA, CHATBOT ET RESEAU

MEDIA, CHATBOT ET RESEAU

Les relations entre les médias et les chatbots, la présentation télévisée météo, les interventions des dirigeants sur Linkedin et une photo aérienne d’une mine à ciel ouvert : voici cette revue web automnale.

De la presse à l’environnement

Les médias en France et aux États-Unis veulent que ChatGPT et les autres chatbots respectent davantage le droit d’auteur. Ils sont toutefois prêts à être payés pour fournir des contenus aux agents conversationnels, à condition. Le journaliste du site Internet Numerama, Julien Lausson, note que le 21 octobre, le Washington Post rapportait que plus de 535 organismes de presse ont mis en place ces bloqueurs, depuis août dernier. Parmi ces médias, figurent le New York Times, Reuters et le Washington Post.

Par ailleurs, Google et OpenAI, les sociétés derrière Bard et ChatGPT, mettent à disposition des réglages aux gérants des sites, s’ils souhaitent que leurs pages ne soient pas scannées par les chatbots. Le paramètre est inactif par défaut : chaque site doit faire la démarche pour exclure tout ou partie de son domaine de l’IA générative.

En France également, le GESTE rassemblant 140 éditeurs en ligne, a exprimé le 14 septembre sa position « face aux défis et aux promesses de l’intelligence artificielle générative. » Et, comme aux États-Unis, la question du respect du droit d’auteur reste l’enjeu central.

À la problématique du droit d’auteur s’ajoute un autre enjeu : celui du partage de la valeur. Cette position est mise en avant par le GESTE dans sa communication, en évoquant entre autres « l’établissement d’un partenariat durable permettant un partage de valeur équitable et une juste rémunération des médias » afin d’éviter « de restreindre l’accès à leurs contenus. »

De plus, les éditeurs souhaitent que des liens apparaissent dans les réponses des chatbots, de façon à réorienter une partie du trafic web vers eux.

Si les médias dépendent des géants de la tech pour faire exister leurs papiers sur les moteurs de recherche et les réseaux sociaux. Or c’est plutôt l’inverse dans le cas des chatbots. Ces agents conversationnels ont, en effet, besoin de ces contenus protégés afin d’exister, être formés et de rester à jour.

Dans cette lutte, les éditeurs de presse pourront certainement trouver des alliés au-delà de leur activité. Des plateformes telles que Reddit, X (ex-Twitter) et Wikipédia, ont pris des mesures plus ou moins défensives afin de limiter l’accès à leurs contenus — par exemple, en conditionnant l’accès à leur API

Enfin, l’été dernier, un accord a été signé entre OpenAI et l’Associated Press pour que les contenus de ce dernier servent pour améliorer les modèles de langage qui font fonctionner ChatGPT. Pour l’instant, cet accord ne concerne qu’un seul média. Il reste maintenant à toute la presse restante de trouver un arrangement.

La présentation météorologique à la télévision est une manière de traiter le changement climatique. Le journaliste du site Internet d’Usbek & Rica, Pablo Maillé, a interviewé la présentatrice de la météo sur TF1 et LCI depuis plus de trente ans, Évelyne Dhéliat. Celle-ci est devenue l’une des personnalités médiatiques les plus investies en matière de vulgarisation climatique. Aujourd’hui plus que jamais, elle veut « donner aux téléspectateurs la possibilité d’agir ».

Évelyne Dhéliat constate des évolutions sur sa profession : « Le métier reste le même : un bulletin météo sert avant-tout à expliquer aux gens quel temps il va faire demain, puis les jours suivants. Mais il est indéniable que les choses ont changé. En 2014, juste avant la COP21 qui allait se tenir à Paris, l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM, ndlr) a demandé à un présentateur météo de chaque pays du monde entier de faire un bulletin fictif sur la météo d’août 2050. J’ai été désignée pour la France, et le bulletin est devenu viral. « 

Outre ses bulletins météo, Évelyne Dhéliat intervient dans une petite séquence de la rubrique « Notre Planète ». Elle note : » Ce genre d’informations relatives à l’évolution des températures sur le temps long, on en parle beaucoup plus qu’avant. »

Par ailleurs, elle anime aussi son compte Twitter et certaines de ses vidéos sont très consultées sur Instagram ou TikTok. Évelyne Dhéliat explique sa présence sur les réseaux sociaux : « Comme je n’ai pas le temps de tout dire dans un bulletin, les plateformes offrent une sorte de complémentarité. C’est une façon de communiquer complètement différente : des tweets, vous pouvez en envoyer autant que vous voulez ! » Elle ajoute : « Là où le bulletin météo est surtout un monologue, les réseaux sociaux permettent un dialogue et un échange, pour sortir de certaines confusions. »

En outre, elle fait appel à un code très précis pour les températures, basé sur les données de Météo France : neuf couleurs, dont cinq qui vont du beige à l’orange foncé, et quatre qui vont du bleu pâle au bleu foncé. Ces couleurs sont déterminées en fonction de la température du moment à cette époque de l’année selon les moyennes de saison.

Évelyne Dhéliat pense qu’il faut utiliser les expressions scientifiques adéquates : forte chaleur, canicule, période de canicule… Enfin, des événements météorologiques peuvent changer la climatologie, et des termes nouveaux peuvent alors apparaître, telle que celui de dôme de chaleur. Il faut savoir expliquer ces terminologies tout à fait neuves, précises, qui correspondent au consensus météorologique.

Le réseau social et l’image

LinkedIn est un réseau social plébiscité par les dirigeants. Le journaliste du site Internet du Figaro, Quentin Périnel, note, en effet, que les dirigeants et les grands patrons apprécient de plus en plus LinkedIn. Ils privilégient ce réseau social afin d’en faire leur tribune et leur lieu favori pour la communication externe ou interne. Sur ce réseau, ils s’adressent aussi à la fois à leurs clients, leurs collaborateurs et les professionnels sur le marché du travail. La présence active des dirigeants sur LinkedIn a augmenté depuis la crise sanitaire car ils devaient communiquer, rassurer, diriger à distance. Depuis, les dirigeants ont continué à s’exprimer sur LinkedIn, qui est désormais un canal de communication encore plus privilégié que l’intranet de l’entreprise pour prendre la parole.

Selon une étude « Emotional Leaders » d’Havas Paris, 68% des Français estiment que les dirigeants des grandes entreprises manquent d’intelligence émotionnelle, un constat encore plus prononcé par les jeunes générations (81%) qui considèrent qu’avoir accès à un dirigeant d’une entreprise sur LinkedIn révèle sa modernité et sa communication moins verticale. Mais dans le CAC 40, seulement 27 entreprises sur 40 ont un CEO actif sur LinkedIn…

Le champion de l’intelligence émotionnelle le plus applaudi, est Jean-Pascal Tricoire, patron de Schneider Electrics. Il communique régulièrement avec des selfies vidéo où il se met en scène avec ses collaborateurs. En outre, Nicolas Hieronimus, le patron de L’Oréal, se mobilise sur LinkedIn afin de motiver son personnel et de parler de l’expérience candidat. Par ailleurs, Philippe Brassac, directeur général du Crédit Agricole commente les sujets brûlants d’actualité et donne son point de vue. Alexandre Bompard, patron de Carrefour est également très en vue pour ses prises de position. Enfin, Chrystel Heydemann, patronne d’Orange, se démarque en évoquant les événements sportifs de renom dont son groupe est partenaire.

Avec son sujet « Vu du ciel : faire du beau avec du laid », le magazine de la chaine télévisée Arte qui analyse les images de notre époque, « Dessous des images », analyse une photo aérienne de la mine à ciel ouvert. Cette activité polluante de bassins d’extraction de minéraux en Californie est sublimée depuis le ciel. Le photographe allemand Tom Hegen, conscient du décalage entre l’image et la réalité, explique comment il a effectué cette prise de vue. Selon Julie Noirot, chercheuse en études photographiques, ce type de photographies met peut-être le spectateur à distance de ses responsabilités envers l’environnement.