COVID, ECOLOGIE, INFO ET LOBBYING

COVID, ECOLOGIE, INFO ET LOBBYING

L’information, le Covid et l’écologie, l’esprit critique et le lobbying : voici les thèmes de cette revue de web printanière.


Covid et information

La communication défaillante du gouvernement lors de la crise du Covid a entraîné des discours conspirationnistes. Pour le site Internet de The Conversation, Julien Giry, chercheur de l’Université de Tours note, en effet, que la pandémie de Covid-19 a entrainé la création de différentes « théories du complot », fakes news et autres expressions de « populisme médical ». Ceux-ci mettaient en cause les avancées des connaissances scientifiques sur le virus et certaines actions mises en place par les gouvernements afin de limiter le développement de la pandémie.

Néanmoins, les faiblesses de la communication gouvernementale en France, depuis le début de l’année 2020, ont favorisé l’apparition de discours conspirationnistes. Outre la diffusion rapide et importante de la pandémie, le monde s’est trouvé confronté à une « infodémie » : une propagation inédite dans leur rapidité et leur ampleur, d’informations vraies ou fausses. Les publics n’arrivaient pas à savoir à quelles informations et à quelles autorités ils devaient faire confiance : les scientifiques et les experts, les professionnels des médias et de la politique, les influenceurs sur les réseaux socionumériques et les médias alternatifs ?

Trois facteurs ont alors contribué à l’émergence de discours alternatifs. Le premier fut à propos du développement du virus. Or il y avait des inconnus sur le savoir scientifique et médical, y compris dans sa dénomination du virus : le/la Covid-19, le coronavirus, le SARS-CoV-2, le 2019-nCoV, le « virus chinois », etc. Cette « science en train de se faire » et les discours parfois opposés des experts comme le Dr Raoult ou des journalistes s’exprimant dans les médias traditionnels ont favorisé la confusion.

Ce virus est également apparu dans un contexte de haut degré de défiance structurelle des citoyens vis-à-vis des professionnels des médias et de la politique, et plus généralement des discours officiels ou institutionnels (OMS, ministère de la Santé, ARS, etc.). De plus, d’un point de vue conjoncturel, la communication inadaptée du gouvernement n’a pas améliorer la confiance dans les pouvoirs publics.

Dès la première quinzaine de mars, les injonctions contradictoires se succèdent à propos de la fermeture des écoles, de la nécessité de changer/maintenir nos habitudes de sociabilités (visites interdites dans les Ehpad mais sortie présidentielle au théâtre), des élections municipales (restez chez vous, mais allez voter). De plus, s’est ajoutée l’annonce, le 16 mars, par le président d’un confinement « de 15 jours au moins ».

Puis, en avril et mai, la nécessité du port du masque en population générale est sujette à revirement de doctrine. En septembre et octobre, contrairement à d’autres pays, la possibilité de mettre en place rapidement une campagne de vaccination massive est rejetée par les experts gouvernementaux et les médias. Enfin, la suspension et réintroduction du vaccin AstraZeneca en mars 2021 ont ajouté à la confusion.

Des ressemblances avec les autres grandes crises sanitaires sont constatées avec des précédentes crises sanitaires comme les grippes « russe » (1899-1890) et « espagnole » (1918-1921) jusqu’à la grippe « mexicaine » (2009), le sida (depuis 1982) et le SARS-CoV (2002-2004). Plusieurs thématiques sont récurrentes. Le fait de considérer la maladie comme étrangère, le rejet des nouvelles technologies et des élites prétendument corrompues et aux intérêts opposés à ceux du peuple en sont des exemples comme la négation de la gravité de la maladie et les propositions thérapeutiques alternatives.

Par ailleurs, ces théories conspirationnistes et fake news relatives au Covid-19 ont principalement été propagées sur Internet : les réseaux alternatifs comme 4Chan, Odyssée, Gab ou 8Kun) et des plates-formes plus institutionnalisées telles que Reddit, Twitter, Instagram, Facebook ou YouTube, des sites conspirationnistes comme Égalité & Réconciliation, FranceSoir, RéInfo Covid et Riposte laïque.

Pour contrer cette désinformation lors de la crise du Covid, il faut une information scientifique de qualité. Sur le site Internet de Slate, Laure Dasinieres, journaliste et Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l’université de Genève ont noté que depuis 2020, la question de la qualité de l’information médicale et scientifique a été soulevée de manière cruciale et urgente face à une pandémie de Covid-19 qui a impacté presque tous les aspects de nos vies. Elle a, en effet, montré que la désinformation favorisait l’adoption des comportements dangereux exposant au virus, avec des répercussions parfois mortelles. Comme le virus s’est diffusé à grande vitesse sur toute la planète, il a été nécessaire d’agir vite et bien afin de protéger, prévenir, traiter et accompagner la population.

Face à cette double contrainte et dans un contexte incertain, les scientifiques et les journalistes devaient informer le public sur les faits et les données qui collaient le plus à l’état actuel de la science et à offrir des analyses les plus objectives possibles.

Concernant le Covid-19, si certaines connaissances acquises font désormais l’objet d’un consensus, des incertitudes persistent, des faits continuent à être contradictoires et ne rassemblent pas autour d’un consensus auprès d’experts partagés. Ainsi, transmission interhumaine, transmissibilité, temps d’incubation et de contagiosité, efficacité des confinements en phase prévaccinale, ventilation et pertinence du port du masque en milieu clos : ces points ont entraîné un large consensus d’experts. Si tous ces points peuvent évoluer, d’autres sont au cœur d’échanges. Par exemple, le degré d’efficacité de la vaccination contre l’infection est encore discuté.

Mais la méthode hypothético-déductive adoptée par les scientifiques révèle également ses limites. Il n’est en effet pas toujours possible ni faisable d’avoir des réponses aux questions que les scientifiques se posent avec un essai randomisé pour plusieurs raisons (temps…).

De l’information au lobbying

L’information et l’environnement soulèvent des questions de la part de la Presse. Les Assises du Journalisme de Tours 2023 proposent deux vidéos sur Youtube. La première décrit l’histoire de la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique et certaines initiatives :

Une autre vidéo présente différentes actions des médias concernant l’urgence climatique et la responsabilité journalistique :

Si l’information et la connaissance sont facilement accessibles grâce à la révolution numérique, la désinformation sur des sujets scientifiques, médicaux et environnementaux n’a été aussi importante.

Dans ce contexte, le développement de l’esprit critique – la capacité à trier et qualifier l’information disponible, à mettre en question ses propres convictions, à formuler son propre jugement – représente une priorité fondamentale pour notre société.

Une première enquête par panel a été réalisée en février 2022, la seconde qui vient de s’achever, réalisée par Opinion Way, Universcience propose une vidéo sur Youtube présentant les résultats :

Enfin, la presse d’information a donc un rôle à jouer pour forger l’esprit critique et elle doit défendre ses droits. Pour le site Internet La Revue des Médias, Mathieu Deslandes, journaliste, dresse le portrait de Pierre Petillault, lobbyiste de la Presse. Celui-ci est chargé de défendre les intérêts des médias réunis dans l’Alliance de la presse d’information générale (Apig). Ce syndicat patronal représente les quotidiens nationaux, les quotidiens régionaux et les hebdomadaires locaux.

Avant d’être directeur général de « l’Alliance », Pierre Petillault a réalisé une partie de sa carrière chez Orange avec le soutien de Pierre Louette, l’actuel patron des Échos et du Parisien. Parmi ses collègues de l’époque, certains sont devenus cadres chez Google ou conseillers ministériels. Selon lui, tout devient trop technique pour que les parlementaires et les administrations soient capables de produire de textes adaptés aux réalités.

Depuis qu’il a été recruté à ce poste, en 2020, Pierre Petillault a dû négocier des dérogations et des aides pour que les journaux continuent leur activité pendant le confinement. Il a assuré les négociations sur les droits voisins avec Facebook et Google. Il a été confronté à l’augmentation du prix du papier.

Par ailleurs, Pierre Petillault reconnaît l’efficacité importante du lobbying des géants du numérique. Sur le Media Freedom Act rédigé par la Commission européenne, les éditeurs jugent que ce projet présente un risque pénal sur les journalistes et le pouvoir important des plateformes pour modérer les contenus, ajoute un risque de censure. Mais le lobbyiste a proposé des amendements aux parlementaires européens.