MEDIA, INFOX ET CLIMAT

MEDIA, INFOX ET CLIMAT

Les médias, la désinformation et le réchauffement climatique, les réseaux sociaux et les français : voici les thèmes de cette revue de web d’avril.

Les médias et le climat

Les médias ont un rôle à jouer pour limiter le réchauffement climatique. Consultable sur le site Internet du CSA, l’étude « Médias et climat : le rôle des médias face à l’urgence climatique » réalisée pour l’ACPM a permis d’identifier plusieurs points clés. Si les français sont optimistes et engagés, ils appellent néanmoins à une action urgente face au changement climatique. 9 Français sur 10 considèrent qu’il est urgent d’agir pour l’avenir de la planète et qu’ils sont prêts à faire des sacrifices pour garantir l’avenir des générations futures. Les médias prennent la responsabilité de mieux informer les Français sur ce sujet au cœur de leurs préoccupations. Par ailleurs, près d’un tiers des Français juge ne pas être bien informé sur le réchauffement climatique et ses conséquences. Ils expriment une demande sur des sujets suscitant des prises de conscience et des solutions concrètes qui mobilisent.
La presse est considérée comme le média qui informe le mieux les Français sur le réchauffement climatique, avec une bonne perception de la quantité d’informations traitées, sans entraîner des sentiments de saturation. Elle représente aussi le premier média de confiance sur le thème et celui qui contribue le mieux à la prise de conscience et à l’envie d’agir, grâce à ses atouts de clarté, de valeurs pédagogiques et à sa capacité d’approfondissement.
Pour influencer les citoyens et leur fournir les moyens d’agir, les médias doivent revoir leur angle d’approche et le ton des contenus présentés en adoptant une information approfondie, experte, scientifique, constructive, incitative et motivante.
Si l’environnement et le climat figurent au cœur des préoccupations des Français, ils sont surtout des sujets d’inquiétude pour les plus jeunes. Les deux sources de préoccupation majeures des Français sont : le réchauffement climatique à 55% et les catastrophes naturelles qu’il engendre à 35%.
Concernant la crise climatique, les Français sont engagés dans le changement, et sont plutôt optimistes. Selon 93% des répondants, il est urgent d’agir pour l’avenir de la planète et les générations futures. 89% ont déjà mis en oeuvre certaines actions afin de diminuer leur impact sur l’environnement.
Enfin, cette conférence de presse en replay sur YouTube expose les principaux résultats de cette étude :


Ainsi, l’Agence France Presse (AFP) agit contre cette désinformation climatique. Sur le site Internet de CB News, le journaliste Thierry Wojciak informe que l’AFP propose un nouveau cours en ligne afin de combattre la désinformation sur le climat. Destiné aux journalistes et aux étudiants en journalisme, celui-ci a pour but de donner des outils et des méthodes pour lutter contre l’infox environnementale. Consultable en français, anglais, portugais et espagnol, ce module a été produit par les équipes de l’AFP spécialisées dans l’investigation numérique et le climat, et publié avec le soutien de Google News Initiative. Grâce à des vidéos, des cas pratiques, des conseils et des quiz, il permet d’obtenir un certificat en une heure environ.

En outre, lors des assises internationales du journalisme de Tours en 2023, des dirigeants de médias ou d’organisme de formation ont échangé sur la responsabilité journalistique et le réchauffement. Ce débat est consultable sur YouTube :

De la désinformation aux réseaux sociaux

Les antivax critiquent les rapports du GIEC et crient au complot des élites. Pour le site Internet de l’ADN, le journaliste David-Julien Rahmil note que le 6 avril dernier, des dizaines de comptes aux accents conspirationnistes et climatosceptiques ont attaqué le compte twitter de Météo France.
Quelques jours auparavant, @NiusMarco, un compte Twitter suivi par 44k personnes a accusé Météo France de gonfler artificiellement les relevés de température en effectuant ses mesures majoritairement dans de grandes villes. Son thread vu plus de 138 000 fois présente une apparence crédible renforcée par les nombreuses publications de ce compte présentant des graphiques et de tableaux chiffrés extraits d’études scientifiques. Pourtant, le service de fact-checking de l’AFP a démontré que l’information est fausse.
Malgré les différents rapports du GIEC et l’accélération des catastrophes climatiques de ces dix dernières années, sur Twitter, il y a une tendance à la minimisation des rapports scientifiques et au déni des preuves scientifiques. Cette mouvance analysée en profondeur dans un rapport de l’institut Jean Jaurès intitulé « Dictature climatique », « pass climat », « great resset » … : les discours complotistes à l’assaut de l’opinion ». D’après l’étude menée par Opsci, un institut spécialisé dans l’analyse socionumérique, le débat public en ligne sur le climat s’est accru de façon exponentiel depuis 2021 avec une augmentation de 90% des publications sur Twitter entre 2021 et 2022, soit 3 millions de publications. Or, depuis 2022, l’institut note « le transfert d’un discours de défiance radicale envers le « système » né en réaction à la crise du Covid-19 » vers des sujets climatiques.
Cette communauté complotiste emploie des termes tels que « dictature climatique » , « grand reset » ou « pass climat ». Jugées comme armes sémantiques par Opsi, ces expressions révèlent une opposition entre les anciens antivax et la réalité du dérèglement climatique. D’après les données recueillies, près de 50% des utilisateurs de cette sphère se sont exprimés sur les questions climatiques en 2022 (29 142 acteurs sur 62 000 au total). Cela représente près de 10% de la conversation climatique.
Parmi les arguments du groupe conspirationniste, figurent des termes classiques datant de la pandémie. La crise climatique serait une manipulation créée par les élites, tout comme la dangerosité du Covid 19. La peur entrainée par la lecture des rapports scientifiques catastrophiques permettrait d’assurer l’avènement d’un nouvel ordre mondial ou d’un « grand reset » qui serait une forme de dictature basée sur une sobriété énergétique forcée. Beaucoup de climatosceptiques pensent que le GIEC et les scientifiques promus par les médias empêchent l’expression des scientifiques qui constestent leur croyance infondée dans le réchauffement climatique. Opsi remarque aussi que ces climats complotistes ne réfutent pas directement le dérèglement du climat, mais ils préfèrent plutôt minimiser les causes effectives et décrédibiliser les scientifiques. Ils refusent d’être jugés comme des climatosceptiques et se présentent plutôt comme des « climatoréalistes » comprenant les origines multifactorielles du changement climatique. Ils se positionnent également comme les « vrais scientifiques » dépourvues de l’idéologie dominante. On trouve cette rhétorique sur le compte influent d’@Elpis_R, suivi par plus de 20 000 personnes et se présentant comme un chercheur de la science du climat indépendant. L’objectif de ce dernier est de minimiser la gravité du dérèglement climatique.
Selon Anastasia Stasenko, directrice de recherche chez OPSI, l’influence de l’activité de ces comptes dépasse le simple trolling sur les réseaux. « Ce que l’on observe de particulier ici, c’est la radicalité des discours et leur concentration sur la question de libertés publiques avec la thématique de la dictature climatique, explique-t-elle. Pour aller plus loin, ces discours, du fait de leur radicalité, jouent le rôle de fenêtre d’Overton et permettent de rendre le discours anti-écolo tout à fait banal et acceptable dans l’espace public. » Le rapport met en avant que les climatosceptiques se basent en particulier sur le sentiment qu’une France d’en haut ferait payer la crise climatique à une France d’en bas. Les différentes idées de taxe carbone, de limitation de vitesse, de mises en application de nouvelles normes thermique ou d’implantation d’éolienne sont inacceptables pour une grande partie de la population. Le seul facteur qui ralentit le mouvement serait l’absence de relais de ce discours anti-écologiste parmi les figures politiques, même d’extrême droite.

Enfin, Twitter n’est pas le réseau préféré par les français. Pour le site Internet Les Numériques, le chef de rubrique Maxence Fabrion présente l’étude Ipsos réalisée en mars 2023 en France auprès de 1048 répondants âgés de plus de 16 ans. Son objectif : déterminer le temps consacré quotidiennement aux différents réseaux sociaux au cours de ces douze derniers mois. TikTok figure en haut du podium. Les internautes français passent 1h33 en moyenne par jour, suivi de très près par Twitch avec 1h32.
Les répondants ont déclaré consulter YouTube pendant 1h18 et Discord pendant 1h10. Le groupe Meta se positionne en cinquième et sixième positions avec respectivement 1h08 et 1h02 par jour sur Instagram et Facebook. En dessous de 1h, figurent Snapchat (59 minutes), Twitter (57 minutes), Telegram (55 minutes), WhatsApp (49 minutes), Messenger (47 minutes), LinkedIn (41 minutes), Pinterest (38 minutes) et Reddit (34 minutes). Signal et BeReal sont les seuls réseaux sociaux à se trouver en dessous de la barre des 30 minutes avec 23 minutes.
Si le réseau social chinois remporte les suffrages des femmes en lui consacrant 1h40 de leur temps, YouTube (1h15) et Instagram (1h12) sont également prisés. Les hommes préfèrent , quant à eux, passer plus de leur temps sur des applications pour échanger, et surtout sur Twitch, avec 1h46 par jour en moyenne, puis sur YouTube (1h08) et Discord (1h04).
TikTok, YouTube et Twitch s’imposent donc comme les applications incontournables pour la génération Z. Les 16-24 ans occupent la plupart de leur temps d’écran à Twitch (1h58), puis à TikTok (1h41) et enfin à YouTube (1h31). Néanmoins, ils utilisent le plus souvent YouTube à 99 %, Instagram à 85 % et Facebook à 79 %. Enfin, Facebook et YouTube séduisent les 60 ans et plu avec une heure passée par jour en moyenne. En outre, sur Twitter, les boomers consacrent le plus de temps avec 40 minutes en moyenne.