REVUE DE WEB FEVRIER

REVUE DE WEB FEVRIER

La communication autour des vaccins et des cyberattaques, la présence des patrons sur les réseaux sociaux et la production des journalistes de l’AFP de vidéos avec des smartphones : voici les thèmes de cette revue de web en ce mois de février .

Du vaccin à la cyberattaque

Les vaccins sont au cœur d’une polémique sur Internet. Dans un article diffusé sur le site Internet du site Internet de The Conversation, les chercheurs de l’université de Stellenbosch, Marina Joubert et  Francois van Schalkwyk mettent en avant la récente thèse de François Van Schalkwyk. Cela explique la manière dont le mouvement anti-vaccination fait appel aux médias sociaux afin d’amplifier le doute et alimenter la réticence. Ses travaux montrent qu’il sélectionne et partage sur les réseaux sociaux des informations scientifiques issues d’articles de revues en libre accès pour augmenter l’incertitude au sein de la population générale.

La plupart des médias en ligne ne bénéficient pas du contrôle qualité qu’exercent les journalistes et les éditeurs qui façonnent le contenu des médias traditionnels. Le contenu de ces nouveaux médias est généré par des experts tout comme par des charlatans, et la frontière entre opinions et faits est floue. Il devient difficile de juger de la crédibilité d’une information.

De plus, les personnes peuvent créer des communautés virtuelles d’individus aux opinions similaires, qui recherchent des sources d’information avec lesquelles ils se sentent à l’aise. Ils reçoivent ainsi toujours plus d’informations avec lesquelles ils sont à priori d’accord, et moins d’opinions contradictoires. Résultat : les messages anti-vaccins et pro-vaccins sont reproduits dans des groupes isolés, ce qui augmente la divergence entre ces opinions.

Selon les chercheurs, le problème est le traitement de l’information. Parfois, les gens « refusent de comprendre » ce que les scientifiques essaient de leur dire, tout simplement. La recherche montre ainsi que le fait de transmettre des preuves de l’innocuité des vaccins à des parents qui hésitent à se faire vacciner peut les rendre plus résistants à la vaccination. Ces études confirment qu’il est particulièrement difficile d’enlever des informations incorrectes du cerveau d’une personne. Et il est probablement encore plus périlleux de la faire changer d’avis si ses croyances sur la question contestée sont profondément ancrées en elle.

Les points de vue des gens sur les questions scientifiques contestées sont polarisés en fonction des « préjugés cognitifs » et du « raisonnement motivé » qui sont le résultat de leurs croyances personnelles et de leurs valeurs. S’ils aiment les nouvelles informations scientifiques, ils seront réceptif. Mais si ces nouvelles informations ne correspondent pas à leurs opinions préexistantes, les lecteurs ne seront pas réceptifs.

De plus, les gens sont plus prêts à partager des histoires et des images sur les préjudices et les tragédies que des contenus neutres ou positifs. Ainsi, les messages sur les dangers possibles des vaccins, souvent accompagnés d’images émotives d’enfants malades, sont plus facilement transmis sur les médias sociaux que les messages pro-vaccins.

Quant aux cyberattaques contre les sociétés, elles entrainent une communication plus ou moins adaptée des victimes de ces agressions. Selon Olivier Cimelière, auteur du  Blog du communicant 2.0, la cybersécurité doit être une préoccupation des sociétés dans leur communication. La sécurité des données personnelles et des systèmes d’information de l’entreprise est devenue aujourd’hui un enjeu fondamental en raison des services en ligne, du cloud computing et des objets connectés.

Deux grandes entreprises françaises ont subi des cyberattaques fin janvier 2019. C’est d’abord le groupe aéronautique Airbus qui informe que le 30 janvier “des données à caractère personnel ont été consultées (…) essentiellement des coordonnées professionnelles et des identifiants informatiques d’employées d’Airbus en Europe”. Le communiqué de presse a qualifié l’événement “d’incident de cybersécurité” qui “n’a aucun impact sur les activités commerciales d’Airbus”. Une semaine auparavant, Altran, société de conseil en ingénierie avancée, technologie et R&D a connu un piratage informatique important.  Elle a pris 4 jours à reconnaitre officiellement la crise. Son communiqué diffusé le 28 janvier adopte un style concis : “Nous avons mobilisé des experts techniques et d’investigation indépendants mondialement reconnus, et l’enquête que nous avons menée avec eux n’a révélé aucun vol de données ni aucun cas de propagation de l’incident à nos clients. Notre plan de rétablissement se déroule comme prévu et nos équipes techniques sont pleinement mobilisées”. Dans ces deux cas, le langage adopté est modéré. La cyberattaque est caractérisée d’incident et les communiqués empruntent le déterminant « aucun » afin de minimiser les attaques.  

En revanche, durant et après l’épisode d’une cyberattaque, Saint Gobain a communiqué sur les enseignements de cette crise et les modifications majeures qu’elle a engagées, notamment dans la détection de signaux faibles (grâce à l’intelligence artificielle qui permet de gagner du temps en cas de nécessité de réaction) et dans l’implication de ses dirigeants.

La cyberattaque n’est pas uniquement un problème de défaillance informatique. Elle a également des répercussions sur la réputation d’une entreprise. Selon une étude du cabinet d’audit et de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC) en 2018, 87% des consommateurs sont prêts à rompre leur contrat si une faille informatique affecte leur fournisseur. Une autre étude de Gemalto, 70% des 10 000 répondants d’un panel estiment qu’ils cesseront leurs affaires avec une entreprise ayant subi une grave faille de sécurité.

Concernant les cyberattaqués, un rapport de Forbes Insight note que 46% des entreprises victimes reconnaissent que leur réputation a baissé et la valeur de la marque chutée. Enfin, le Rapport 2019 sur les risques mondiaux du Forum économique mondial classe les cyberattaques dans le Top 5 des menaces les plus préoccupantes.

Johnny Hornby de l’agence The Partnership (groupe WPP), recommande une communication transparente : « Les clients accordent leur confiance aux marques mais ils vivent aussi dans le monde réel et comprennent ce que sont les nouvelles menaces qui peuvent survenir. Ce qui est clé pour une marque face à ce genre d’attaque, est de communiquer ouvertement et de manière transparente avec ses clients. Un gros défi car le cybercrime est souvent complexe à circonscrire en un instant ». Olivier Cimelière conseille, quant à lui, d’adopter les fondamentaux de la gestion de crise mais des postures, des procédures et des actions spécifiques doivent être développées en parallèle. Les entreprises doivent désormais mettre en œuvre des programmes de préparation à la cyberattaque. A l’instar des simulations de crise traditionnelles, ces programmes sont essentiels afin d’augmenter la culture digitale des acteurs impliqués, adopter des réflexions qui adoptent le timing des réseaux sociaux et de la connectivité globale et maintenir le dialogue avec les parties prenantes. Cela demande une veille pro-active et de l’intelligence informatique.

Le patron et le journaliste

Les grands patrons s’expriment davantage et avec plus de maturité et d’impact actif sur Twitter et LinkedIn. Voici le résultat de la deuxième édition d’une étude de l’agence de communication, Angie, sur le leadership digital de dirigeants présenté sur le site Internet des Echos. Les dirigeants sont donc plus actifs sur leurs réseaux sociaux pour exprimer les engagements de leurs entreprises et défendre une cause, un combat et une raison d’être.

Réalisée entre janvier 2018 et janvier 2019, l’étude constate une augmentation d’environ 10% de l’ activité des dirigeants.  Si Twitter est toujours leur vecteur privilégié avec 90% de patrons Twittos, 70% d’entre eux sont désormais actifs sur LinkedIn (contre 55% en 2018).

Enfin, François Guillot, directeur Associé d’Angie, identifie, dans le top 10, trois principaux combats sur lesquels les dirigeants se rassemblent : la lutte contre le réchauffement climatique qui est leur engagement prioritaire, les modes de consommation et de production plus responsables, un monde du travail et de l’entreprise plus éthique.

En outre, les journalistes d’agence de presse produisent des vidéos dans certaines circonstances avec un smartphone. Pour le Blog du modérateur, Ludwig Hervé, journaliste, relate une intervention Juliette Hollier-Larousse, directrice de la vidéo de l’Agence France Presse aux Rencontres francophones de la vidéo mobile, organisées par Samsa.

L’AFP récolte, en effet, des captures vidéo, depuis quelques années, grâve à son réseau international. Avec plus de 1600 journalistes dans 151 pays, elle bénéficie d’une couverture mondiale. A celle-ci, s’ajoutent les équipes de journalistes vidéo. Juliette Hollier-Larousse déclare à propos de l’arrivée du smartphone : « tous les journalistes en ont un, nous pouvons désormais compter sur eux pour envoyer des photos et des vidéos ». Puis elle énumère certaines priorités de l’AFP : une culture multimédia, des équipes intégrées, un journalisme visuel, l’importance du terrain et l’exigence de qualité.

L’agence demande aux journalistes – s’ils sont seuls sur un événement imprévu, une « breaking news » ou quand ils occupent une position privilégiée – d’envoyer des premières images (photos et vidéos). Afin d’assurer ces missions, les journalistes de l’AFP suivent donc 2 jours de formation : ils apprennent les différents types de plans à maîtriser, bénéficient de conseils techniques comme la nécessité de filmer à l’horizontal.  Puis ils expérimentent lors d’une journée de tests. Les vidéos tournées avec smartphone représentent une faible proportion de l’ensemble du service vidéo de l’AFP : quelques vidéos par jour.  Par ailleurs, l’agence diffuse de plus en plus de vidéos en direct. De plus, un service dédié a été lancé il y a 3 ans et génère environ 15 à 16 heures de live par jour.