REVUE DE WEB JUILLET

REVUE DE WEB JUILLET

Médiation scientifique, communication des groupes activistes, médias et réseaux sociaux : voici des sujets qui s’entrecroisent dans cette revue de web estivale.

De You Tube aux groupes activistes

Les réseaux sociaux permettent de diffuser la culture scientifique vers les adolescents. Dans son article du site Internet The Conversation, Julien Falgas, chercheur correspondant du Centre de recherche sur les médiations de l’université de Lorraine, présente plusieurs acteurs du petit monde de la vidéo scientifique. Il cite le mémoire de Sandrine Philippe sur la place de YouTube dans le centre de documentation et d’information. Il en ressort pour regarder des vidéos sur Internet, YouTube est le point d’entrée principal pour les collégiens et lycéens. Des chaînes telles que Trash, Nota Bene, Experiment Boy ou Dirty Biology réunissent entre 500 000 à 1 million d’abonnés. Pour totaliser plusieurs centaines de milliers de vues, les vidéos font appel à des images et des titres parfois racoleurs. Mais la recette semble faire merveille auprès des lycéens. Toutefois, Sandrine Philippe constate que la popularité d’une vidéo est souvent un argument d’autorité pour les adolescents. Par ailleurs, Josselin Aubrée (Esprit Sorcier) et Thomas Durand (La Tronche en Biais) rencontrent des difficultés pour combattre les discours idéologiques ou complotistes.

Reposant sur le modèle publicitaire, YouTube cherche à maximiser le nombre d’affichages. Ses algorithmes conseillent les contenus les plus populaires parmi ceux qui semblent pertinents en fonction de l’historique de consultation de l’internaute. Pour contrecarrer cette tendance, le Café des Sciences réunit des producteurs de contenus de vulgarisation : vidéos, billets de blogs, spots audios et illustrations. Le vulgarisateur en herbe souhaitant rejoindre cette association doit soumettre sa candidature à l’évaluation de ses pairs. Les membres sont encouragés à se relire mutuellement et à partager entre eux l’accès aux ressources scientifiques. Selon Pierre Kerner, enseignant-chercheur et fondateur de la plateforme Vidéosciences, son objectif est de contribuer à diffuser la culture scientifique au sein de la société.

Mais les réseaux sociaux sont des vecteurs de communication pour des groupes activistes. Dans le Blog du Communicant2.0, Olivier Cimelière décrypte la communication de certaines minorités d’intérêt. Les médias sociaux leur permettent de provoquer le débat sur leurs sujets polémiques, engendrer des actions spectaculaires sur le terrain et les relayer ensuite parmi leurs communautés digitales. Mais l’objectif principal de ces communications est d’attirer l’attention des médias classiques.

Edelman Trust Barometer ne cesse d’observer une défiance sociétale depuis 17 ans. Au départ, une méfiance était essentiellement exprimée contre les décideurs politiques, les médias traditionnels et quelques secteurs sensibles tels que la chimie, le nucléaire, le tabac… Aujourd’hui, la dernière édition de l’Edelman Trust Barometer note ainsi que les ONG et les grands noms de la Silicon Valley commencent à cristalliser des rancœurs. Si elles sont souvent mineures, elles peuvent mobiliser bien au-delà du nombre réel de personnes impliquées dans une cause donnée. En France, récemment, deux cas touchant la santé et l’agroalimentaire illustrent cette tendance.

La mobilisation anti-vaccin en est un exemple. Une page Facebook a ainsi été créée pour réclamer la liberté de choix concernant les vaccins. 3500 sympathisants ont déjà « liké » la page. En revanche, plus de 334 000 personnes ont signé à ce jour une pétition en ligne intitulée « Contre la République des vaccins ». Une pétition lancée par le Pr Henri Joyeux radié de l’Ordre des Médecins en 2016, a, quant à elle, rassemblé plus de 1,1 millions de signatures.

Autre exemple : l’association L214 qui milite pour l’éradication de tout produit d’origine animale et la marque bretonne de pâtés en conserve Hénaff. Le 28 juin, des militants mettent en ligne deux vidéos provenant de caméras cachées dans deux élevages porcins supposés être des fournisseurs de l’industriel Hénaff. Ces images montrent des cochons dans un état sanitaire déplorable où certains figurent mutilés et vivent au milieu des déjections. Avec plus de 53 000 vues sur sa chaîne YouTube, 354 000 vues sur sa page Facebook et une pétition de 67 000 signatures, L214 accuse la société Hénaff d’être complice de la maltraitance animale. Si l’entreprise ne tarde pas à répliquer à cette attaque avec un communiqué de presse publié le 29 juin dernier, sa stratégie de riposte consiste à mettre en doute la véracité des images des élevages dont il reste à démontrer qu’il s’agit bien de fournisseurs de celle-ci avant d’ajouter (5) : « Avec ces images, L214 jette l’opprobre sur une entreprise de 110 ans, engagée depuis toujours pour la qualité de ses produits. Ses activistes ne visent qu’à la destruction de toute une filière au nom d’une idéologie qui prône l’abolition de la consommation de viande ». Si l’argumentation en soi peut se concevoir, elle est en revanche en total décalage avec la ficelle émotionnelle et choquante à laquelle L214 recourt en permanence pour stigmatiser ses cibles. Le 7 juillet, le PDG de l’entreprise monte même au créneau dans une interview au quotidien régional Ouest France. Mais trop tardivement. L214 a remporté la bataille médiatique.

Aujourd’hui, les canaux d’expression de ces mouvements privilégiés concernent les réseaux sociaux et des opérations terrain éventuels qui peuvent se manifester sous différentes formes (happenings, agit-prop, caméra cachée, intrusion soudaine…). Celles-ci sont automatiquement répercutées sur le Web afin de maximiser l’impact. Leurs effets sont amplifiés en faisant appel aux émotions soit avec des images chocs qui impriment les mémoires, soit à travers des témoignages touchants. L’explication et l’argumentation passent au second plan. Pour frapper les esprits, le leitmotiv est la peur, la honte, le dégoût qui pousse au clic, au partage avec sa communauté, voire à l’activation des médias pour s’en servir comme caisse de résonance.

Réseaux sociaux et médias

Les réseaux sociaux disposent d’un public disparate. Sur le Blog du Modérateur, le journaliste, Thomas Coëffé, dévoile les chiffres clés des réseaux sociaux. Parmi ces informations, certaines retiennent l’attention. Sur les 7,5 milliards d’habitants, 3,81 milliards sont internautes (51%) et 2,91 milliards sont actifs sur les réseaux sociaux (39% de la population mondiale). Le temps passé sur les réseaux sociaux est de 1h20 par jour en France. Dans le top 10 des réseaux sociaux dans le monde, figure en tête Facebook avec 2 milliard d’internautes, suivi par Instagram (700 millions) et Qzone (653 millions). La pénétration des réseaux sociaux dans le monde se répartie : 66% en Amérique du Nord, 54% en Europe de l’Ouest (56% en France), 14% en Afrique et 15% en Asie du Sud.

Enfin, Facebook, le réseau social le plus consulté proposera bientôt aux médias des abonnements via sa plateforme. La nouvelle a été relayée par la journaliste, Perrine Signoret sur le site Internet de L’Express. Elle concerne l’application mobile, et plus précisément les Instant Articles, un format lancé en 2015. Dès la rentrée prochaine, le réseau social mettra sur sa plateforme un système d’abonnement payant, destiné aux contenus des médias. Bonne nouvelle pour les médias traditionnels !