REVUE DE WEB JUIN

REVUE DE WEB JUIN

Cette première revue de Web de période estivale concerne la mise en scène des thèses, la perception de l’innovation, les internautes américains et la prise de parole des dirigeants des sociétés du CAC 40.

Thèse et innovation

La science peut être mise en scène. Dans l’article du site Internet Cursus Edu, Frédéric Duriez décortique la mécanique des présentations des participants du grand concours Ma thèse en 180 secondes organisé par le CNRS et la CPU. Trois minutes pour expliquer son projet de recherche à un auditoire grand public avec l’aide d’une seule diapositive, face à un public : voici le défi pour ces chercheurs. Mais pour parvenir à cette prouesse, les étudiants doivent user des techniques de communication afin de maintenir l’attention.

Le grand vainqueur de l’édition 2016 est Mathieu Buonafine, qui représentait le regroupement Sorbonne Universités. Sa thèse concerne l’étude du rôle de la Neutrophil Gelatinase Associated Lipocalin dans les effets cardiovasculaires de l’activation du récepteur minéralocorticoïde. Dans son exposé, il décrit l’enquête qu’il mène sur une molécule impliquée dans les maladies cardiovasculaires. Mathieu Buonafine débute en impliquant le public avec une question grave : « Savez-vous quelle est la première cause de mortalité ? » et donne rapidement la réponse : les maladies cardio-vasculaires. Pour évoquer l’ambiguïté du récepteur minéralocorticoïde, tantôt nuisible, tantôt utile, il se déplace d’une position vers une autre. Mathieu Buonafine utilise aussi la métaphore policière. Ainsi au lieu d’évoquer le récepteur, il parle de suspect, du complice NGAL, de la double vie du récepteur. Il emploie un argot propre à l’univers des polars « ils sont de mèche ». Les molécules et les récepteurs sont des acteurs dotés d’intentions dans un récits. D’autres métaphores permettent d’établir une complicité culturelle avec l’audience.

Comme le lauréat précédent, Mathilde Petton respecte la règle des 4 x 20. Les vingt premiers pas, les vingt premiers mots, les vingt premières secondes et les vingt centimètres du visage ont un rôle important. La chercheuse choisit de jouer la scène d’une perte d’attention. Mais le « décrochage attentionnel » est justement le thème de la thèse de cette étudiante de l’Université de Lyon. Après un démarrage plein d’humour, elle dramatise les enjeux de son sujet d’étude. Si Mathieu Buonafine avait expliqué comment prendre la tension des rats, Mathilde Petton indique comment elle capte l’activité d’un cerveau. Ces exemples démontrent une maîtrise de nombreuses techniques de communication. La dramatisation, l’utilisation des métaphores et du non verbal, l’établissement d’une complicité intellectuelle avec l’auditoire en sont des exemples.

Par ailleurs, la perception des français sur l’innovation est analysée. Dans son article pour le site Internet d’Influencia, Eric Espinosa dévoile les résultats de l’étude réalisée par Soon Soon Soon, le Woma et Ulule avec OpinionWay pour le lancement de “Make it Happen”. Cette initiative est destinée à soutenir la créativité et l’innovation en France. Il en ressort que pour 44% des sondés, la France est en retard en termes d’innovation par rapport aux autres pays et très en retard (16%) sur ses voisins. Les comptes du gouvernement sur les réseaux sociaux ont adopté de nouveaux formats d’écritures pour séduire davantage. Ainsi, une opération a été lancée où un super héros mettait en avant les meilleures innovations françaises.

Des dirigeants aux internautes américains

La prise des paroles des dirigeants à l’heure digitale est également décortiquée. Dans le site Internet du Siècle digital, la consultante en marketing et communication, Magali Heberard, analyse la prise de parole des dirigeants des sociétés du CAC 40. En 6 mois, leurs prises de paroles ont généré entre 15 000 et 85 000 interactions en moyenne. Ils interviennent pour vendre mais ils savent imposer leur expertise et leur vision sur la durée. La majorité de leurs prises de parole s’effectuent sur les réseaux sociaux : 52% sur Twitter, 5% sur LinkedIn et 42% dans la presse. Leurs thèmes de prédilection portent sur la vision de la société, l’offre et la qualité de service. Ils expriment leur avis de manière tranchée et donnent l’impression d’être plus spontanés. Ils parlent de leurs parties prenantes et notamment de leurs clients. Leur capacité à intégrer de nouvelles modalités de récit est corrélée à celle de leur entreprise à s’engager dans la transformation digitale. Ainsi, Orange, Schneider, Axa, Airbus et Publicis en sont des exemples.

Mais les dirigeants des sociétés du CAC 40 ont des difficultés à utiliser les nouvelles formes de conversation. Ils s’expriment peu et préfèrent les médias traditionnels et des formes convenues. Ainsi, deux tiers des dirigeants n’ont émis qu’entre 10 et 50 prises de parole en 6 mois. 4 sur 5 ne sont pas réellement actifs sur les réseaux sociaux. De plus, un tiers ne commente l’actualité qu’à travers la presse. En effet, 72 % des prises de parole se font dans la presse print & online. D’ailleurs, Les Echos, Le Figaro et L’Usine Nouvelle figurent dans le top 3 des titres privilégiés par les patrons. En outre, 25 % des prises de parole ont lieu sur Twitter et 3 % des prises de parole se déroulent sur LinkedIn. Par ailleurs, les expressions les plus fréquentes appartiennent au champ lexical financier.

Enfin, le comportement des internautes américains est scruté. Dans le Blog du modérateur, le journaliste, Thomas Coëffé, annonce les résultats d’une étude de Pew Research Center sur l’accès à l’information via les réseaux sociaux. Si cette recherche ne concerne que les internautes américains, elle permet de cerner les tendances d’usage. En 2016, 62% des personnes interrogées utilisent les réseaux sociaux pour se tenir informés – contre 49% en 2012. 67% des américains utilisent Facebook, dont 44% pour se tenir informé. 70% des utilisateurs de Reddit s’en servent pour accéder à de l’information, 66% pour Facebook et 52% pour Twitter. En 3 ans, le partage d’information a pris beaucoup d’importance sur Facebook. En outre, les femmes ont davantage tendance à utiliser Instagram, Facebook ou Twitter. En revanche, les hommes préfèrent YouTube et LinkedIn. Si chez les jeunes, Instagram, Twitter et YouTube sont plébiscités, les plus de 30 ans choisissent LinkedIn, Twitter et Facebook pour accéder à l’information.