REVUE DE WEB JUIN

REVUE DE WEB JUIN

Les femmes et le pouvoir, Bayer et Monsanto, le genre Documenteur et le journalisme : voici les différents sujets de cette revue de web estivale.

La femme, le pouvoir et la communication

C’est sur un constat dressé dans une étude récente par l’agence Proches et l’association des professionnels de la communication COM-ENT : « En politique comme en entreprise, les femmes sont aux abonnées absentes des sphères de pouvoir en France » qu’Hervé Monier a donné la parole à deux des dirigeantes interviewées par COM-ENT et l’agence Proches sur le Brandnewsblog : Pascale Dubois, directrice de la communication chez Safran et Valérie Laugier, vice-présidente Digital et Innovation de Total.

Pascale Dubois souhaite contribuer à faire avancer la place des femmes en entreprise à tous les niveaux. Sa participation à cette étude sert ce même objectif. De nombreuses femmes doivent encore se battre pour exister à leur juste valeur et cette étude Proches-COM’ENT met en avant certains constats qui montrent le chemin qu’il reste à parcourir. Selon elle, les femmes n’osent pas assez dans la vie professionnelle et c’est notamment pour cette raison qu’il faut être entourée et accompagnée. Elle note que le nombre de femmes à tous les niveaux augmente dans les filières industrielles et de l’ingénierie. Pour elle, il faut avoir confiance en soi, croire en la valeur de son travail et assumer pleinement ses choix sans penser aux modèles que les autres pourraient projeter sur nous. Elle a toujours essayé de se concentrer sur le développement de ses compétences professionnelles et celles de ses équipes.

En outre, Safran s’est engagé auprès de l’association « Elles bougent » dont la mission principale est de faire découvrir aux jeunes filles les métiers d’ingénieures et de techniciennes et les formations correspondantes. Toutes les études montrent qu’il y a un lien entre diversité des effectifs et performance de l’entreprise. Cet enjeu est donc important pour le groupe. Aujourd’hui, près de 300 marraines Safran exercent des activités dans l’association et témoignent de leur expérience.

Par ailleurs, Pascale Dubois a créé Women@Safran avec d’autres femmes du Groupe. L’objectif de ce réseau est de pousser les femmes à prendre toute leur place dans ce monde très masculin. Ce réseau organise des déjeuners avec plusieurs dizaines de femmes du groupe. Lors de ce repas, une intervenante parle des éventuelles difficultés de son parcours professionnel qu’elle a rencontrées en tant que femme dans le monde du travail.
Quant à Valérie Laugier, elle a exercé le marketing il y a 26 ans à la sortie de son école de commerce. De plus, elle a donc une bonne connaissance métier et terrain des activités de Total. Cela lui permet de déceler rapidement les innovations pour les affaires actuelles et futures. En outre son réseau d’alliés internes constitué au fil des ans contribue à faire avancer les projets. En tant que directrice de l’Image et de la Marque du Groupe pendant plus de 5 ans, elle a acquis sa légitimité dans le domaine du digital.

Selon elle, les leviers pour dépasser les stéréotypes et le sexisme ordinaire en entreprise : la confiance en soi et ne jamais s’isoler en cas de difficulté. Valérie Laugier a eu la chance d’avoir quelques hiérarchies qui l’ont suivies tout au long de sa carrière pour la conseiller et l’aider à trouver la voie afin d’atteindre son objectif. Elle a aussi bénéficié de l’aide d’une ancienne dirigeante d’un autre secteur d’activité qui l’’aide à conserver son ambition et son énergie au top. Les réseaux de femmes lui ont été également très utiles et elle s’y investit beaucoup pour aider à son tour des jeunes femmes dans le cadre de mentoring.

En revanche, dans son parcours, elle a eu le sentiment parfois de devoir prouver deux fois plus qu’un collègue masculin. Les virages les plus délicats restent les moments où elle a voulu accéder à des postes opérationnels très convoités par les hommes car synonymes de statut et de pouvoir… Si cela est moins compliqué pour les postes dans des fonctions support, jusqu’à un certain niveau car les plus hautes fonctions dans les métiers support restent encore très masculines malgré que le vivier de femmes y soit très important.La communication résulte d’une stratégie d’entreprise.

Pour le Blog du Communicant2.0, Olivier Cimelière analyse la communication de Bayer à travers la disparition de la marque Monsanto. Une étude Harris avait été publiée en 2015 sur les entreprises américaines les plus haïes comme Monsanto, Goldman Sachs, Haliburton et BP. Récemment, les polémiques sur l’interdiction du glyphosate en France ramenaient le nom de Monsanto dans les débats. C’est dans ce contexte que Bayer a annoncé la suppression de Monsanto.

Olivier Cimelière rappelle le passé de Monsanto, vieux de presque 120 ans.  Lors du projet Manhattan, pour le compte des militaires, Monsanto réalise des recherches sur l’uranium, le chimiste avait acquis Swann Chemical Company, une société spécialisée dans la fabrication des PCB (polychlorobiphényles), des agents chimiques utilisés comme retardateurs de flammes et isolants. Or déjà en 1937, la Harvard School of Public Health et des médecins dénoncent la dangerosité extrême du produit. Si ces deux faits ne sont que le début de polémiques et de scandales qui entachent la réputation de Monsanto à intervalles réguliers. Parmi les crises les plus importantes, l’agent Orange occupera une place particulière. Produit par Monsanto, ce défoliant très toxique est abondamment utilisé par l’armée américaine contre les populations civiles et la rébellion communiste durant la guerre du Vietnam (1963 – 1975). Cela entrainera la naissance de 150 000 enfants au Viêt Nam souffrant de sévères malformations.

En outre, des pesticides agricoles comme Lasso (aujourd’hui interdit en Europe) et Roundup ont été mis en cause pour leurs effets cancérogènes possibles. Enfin, Monsanto est la cible de procès et de campagnes activistes qui veulent l’interdiction de l’usage de semences génétiquement modifiées. De plus, il y a des accusations de malversations d’études scientifiques et de pressions à répétition sur les autorités publiques de nombreux pays pour conserver une législation favorable aux produits Monsanto.

Une réputation si mauvaise que Monsanto est la seule société au monde à connaitre une journée mondiale contre elle. Depuis 6 ans, le collectif « March Against Monsanto » organise chaque mois de Mai des défilés dans la rue afin de protester contre les activités de Monsanto jugées dangereuses pour l’humanité. Le reste du temps, les réseaux sociaux mettent continuellement en cause l’entreprise avec une page Facebook qui enregistre plus de 1,6 millions de fans et un hashtag sur Twitter intitulé #Monsatan qui rassemble tous les dossiers relatifs à la firme de Saint-Louis.

Professeur émérite à HEC Paris et grand spécialiste des marques, Jean-Noël Kapferer livre son analyse à propos de la disparition de Monsanto : « Les grands groupes détestent prendre des décisions sous la pression des ONG ou de l’opinion publique, mais ils ont à cœur de préserver leur business. Et c’est sans doute pourquoi Bayer a estimé que la marque Monsanto était devenue un symbole indéfendable, non plus un actif mais un passif. Les dirigeants du groupe ont très bien compris que la question de la responsabilité citoyenne des entreprises, l’impact de leur activité sur la santé humaine et l’environnement, est un sujet qui peut, à terme, mettre en péril leur rentabilité. Ils ont donc considéré qu’il était temps de « débrancher » Monsanto pour mettre en avant le nom de Bayer qui, lui, est plutôt associé à l’univers de la pharmacie et est plutôt respecté ». Ainsi, en supprimant la dénomination Monsanto, Bayer résout une partie du défaut réputationnelle issue de sa fusion.

Des fake news au journalisme

Le documenteur est un genre de fiction qui permet de lutter contre les fake news. Pour le site Internet The Conversation, Nicolas Teyssandier, chargé de recherche au CNRS et préhistorien à l’université Jean Jaurès à Toulouse, analyse sa participation dans l’élaboration d’un documenteur. Ce « mot-valise » désigne un support audiovisuel utilisant la forme du documentaire à des fins parodiques ou satiriques. L’objectif de cette expérience : faire réfléchir à la fois sur le sens et la portée des résultats scientifiques mais aussi sur la forme des films les plus généralement proposés au grand public que sont les docu-fictions. Ce genre permet de s’interroger sur le pouvoir des mots et des images et le poids de la narration et du récit quand ceux-ci convoquent le spectateur dans une intrigue où l’enchaînement et le rythme des évènements rendent délicats la prise de recul instantanée. Il invite également à la prudence, à se départir de toute certitude, à accepter le provisoire de certaines données ou avancées scientifiques.

 

Pour le chercheur, il faut lutter contre ces logiques falsificatrices qui relèvent plus de la foi et des croyances que du côté du doute et de la science. Il faut aussi éduquer afin de susciter les esprits critiques dès le plus jeune âge. Ce documenteur est utilisé par des pédagogues et des formateurs, afin d’alimenter les débats avec les jeunes publics. Nicolas Teyssandier remarque que : « Cela valait bien la peine de rire un peu tout en éveillant les consciences par l’imaginaire de la fiction ».

La lutte contre les fake news passe aussi par des initiatives de certains médias. A l’occasion de la sortie du Rapport Cision 2018, Etat des medias dans le monde, une étude menée par Cision auprès de 1 355 journalistes, Cyndie Bettant, Influence & Content Manager, a interviewé Samuel Laurent, journaliste au Monde et responsable des Décodeurs pour le site Internet Culture-rp. Après avoir commencé sa carrière de journaliste web au Figaro.fr de 2006 à 2010, Samuel Laurent intègre LeMonde.fr où il rejoint le service politique. Il est aussi responsable du blog Les Décodeurs, rubrique de fact checking du quotidien. Depuis 2014, il participe régulièrement à l’émission « La politique c’est net » diffusée sur Public Sénat. Selon le journaliste, les réseaux sociaux ont modifié la manière de faire de la veille, le fait que les lecteurs puissent interpeller directement les journalistes avec ces différentes plateformes. Les réseaux sociaux sont devenus un canal d’information central et a modifié la façon de travailler des journalistes.

Par ailleurs, au Monde, le service de fact checking, Les Décodeurs, a été créé pour répondre les problèmes liés aux fake news. Il a débuté avec des vérifications au niveau des nouvelles en politique, pour vérifier les dires des personnalités politiques basées sur le data journalisme.

Selon Samuel Laurent, le problème principal pour les médias réside dans le modèle économique, surtout pour les hebdomadaires et les quotidiens, qui ont connu une forte baisse de leur lectorat. Le Monde adopte une stratégie de double politique avec du gratuit et du payant. Le New York Times enregistre des records pour le payant aux Etats-Unis. Le contenu payant est l’option préférée par les grands médias sauf le Guardian et le Figaro.