REVUE DE WEB SEPTEMBRE

REVUE DE WEB SEPTEMBRE

Le port du masque, la parole des femmes dans les médias, les 5 tendances mondiales de la consommation de l’information et le manque de sincérité de la communication d’entreprise : voici les différents points développés dans cette revue de web automnale.

Du masque à la parole féminine médiatique

Il est difficile de convaincre un réfractaire de porter un masque. Sur le site internet de The Conversation, Claire Hooker, Senior Lecturer and Coordinator, Health and Medical Humanities à l’Université de Sydney, il est important de faire attention à ses propres émotions afin qu’elles ne brouillent pas le message. Montrer son anxiété, sa peur, sa réaction outragée, devenir colérique peuvent perturber le message et braquer l’interlocuteur.

De plus, la pandémie augmente le risque de mauvaise communication. Dans une situation de stress ou d’émotion forte, le cerveau peut déclencher les processus de « combat-fuite » affectant la manière de communiquer et la réception des messages.

Si une personne refuse de porter un masque, elle a l’impression de garder le contrôle, ou d’être une « personne à problème ». Ainsi, insister pour qu’une personne porte le masque, peut l’inciter à se mettre sur la défensive. Or, cette posture la rend moins disposée à écouter et à évaluer les informations correctement. Critiquer l’opinion de quelqu’un peut l’amener à s’ancrer plus fermement encore dans ses croyances.

Une bonne communication requiert une bonne préparation. Selon les auteurs du livre Crucial Conversations, il faut en premier lieu se questionner sur le résultat visé et sur la relation à mettre en place. Cette dernière doit rester respectueuse et les canaux de communication doivent rester ouverts. II est donc préférable de négocier avec l’interlocuteur un changement de comportement afin de réduire les dommages. De plus, il est utile de comprendre et respecter ses valeurs, et d’identifier celles qui sont communes aux nôtres.

Demander les raisons pour lesquelles une personne ne porte pas de masque peut aussi s’avérer utile. En effet, permettre à son interlocuteur la possibilité d’être entendu réduit les attitudes défensives.

Acquiescer jusqu’à un certain point peut être utile pour la négociation. L’empathie peut aussi contribuer à préserver une relation tout en posant une limite.

Des travaux ont révélé que certains groupes masculins – notamment les plus jeunes, ceux dont les opinions politiques sont davantage conservatrices, ceux dont le niveau de connaissances sur la santé est faible, ainsi que les hommes qui suivent les valeurs traditionnelles de masculinité, sont parmi les plus susceptibles de résister au port du masque.

Les femmes se sont moins exprimées à la télévision et à la radio. Dans leur article diffusé sur le site Internet La Revue des Medias, Rémi Uro et David Doukhan, ingénieurs de recherche à l’INA, citent une étude réalisée par le CSA, sur 89 heures de programmes (six chaînes de télévision et deux stations de radio). Elle a montré que si la proportion de femmes à l’antenne n’avait pas été affectée par la pandémie, celle des femmes expertes avait fortement diminué. De plus, selon une étude effectuée par l’INA, la parole d’autorité avait été majoritairement masculine.

Les ingénieurs ont, quant à eux, mesuré l’incidence de la crise sur la programmation des chaînes grâce à une intelligence artificielle entraînée à distinguer les voix d’hommes et de femmes. Elle permet de mesurer le temps de parole respectif de ces catégories d’individus. Cette approche automatique a été utilisée pour traiter exhaustivement 700 000 heures d’antenne diffusées sur 22 stations de radio et 35 chaînes de télévision du 1er septembre 2018 au 1er septembre 2020.

Selon les résultats de leurs mesures, le temps de parole des femmes à la télévision connait de nombreuses variations quotidiennes et saisonnières. Les chercheurs mettent en évidence une diminution du temps de parole des femmes pendant la période de confinement s’étendant du 17 mars au 11 mai 2020.

L’état des lieux de la présence vocale des femmes à la télévision pendant le confinement confirme un paysage où la parole masculine reste majoritaire. Néanmoins, les femmes s’expriment plus sur les chaînes publiques que sur les chaînes privées thématiques (20 %).

Pour l’ensemble des catégories de chaînes, on a pu observer une baisse du pourcentage de temps de parole des femmes pendant le confinement. Cette baisse a été maximale pour les chaînes thématiques (une baisse de -15,3 %) et les chaînes d’information en continu privées (-11,4 %).

Enfin, la crise de la Covid-19 a eu peu de conséquences sur la présence vocale des femmes pendant les principaux journaux télévisés nationaux. Toutefois, une hausse du temps de parole des femmes (+ 7 %) a été notée sur Arte.

Information et communication

La consommation des médias n’est pas uniforme sur la planète mais il existe des points communs. Justine Rodier, Journaliste de La Revue des médias, révèle les résultats de l’enquête du Reuters Institute for the Study of Journalism de l’université d’Oxford sur la consommation d’informations dans le monde. Au-delà du constat d’une forte consommation d’information lors du début de la crise sanitaire, cinq tendances ressortent de cette étude.

La baisse de la confiance dans les médias est mondiale et se poursuit. Cette année, seulement 38 % des personnes interrogées font confiance aux médias. Seuls six pays ont des niveaux de confiance supérieurs à 50 %, comme la Finlande et le Portugal (56). En Corée du Sud, le chiffre est le plus faible (21 %) et la France 23 %. La plus grande chute de confiance (-16 points) concerne Hong Kong (30 %) et s’explique, selon le rapport, par le projet de loi d’extradition et les violentes manifestations qui s’ensuivirent. Dans l’ensemble, les médias de service public sont considérés les plus fiables, notamment en Europe du Nord où ils bénéficient d’une forte tradition d’indépendance.

Par ailleurs, le réchauffement climatique est une préoccupation importante pour la population. Selon le rapport, 69 % des personnes interrogées considèrent que ce problème grave doit être abordé par les médias. La France se situe un peu en deçà de la moyenne mondiale, avec 63 %.

En outre, le Reuters Institute note une augmentation significative des paiements pour les informations en ligne, notamment dans les pays scandinaves. Le Royaume-Uni est l’un des pays où l’on paie le moins pour les informations en ligne (7 %), suivi de peu par la France, avec 10 %. Partout, une hausse a été observée durant la crise sanitaire.

Dans la plupart des pays, les journaux locaux et leurs sites web restent la principale source d’information de proximité (quatre personnes sur dix). Mais les éditeurs d’actualités locales et régionales connaissent la concurrence des réseaux sociaux, utilisés par 31 % des répondants. D’ailleurs, le Reuters Institute suggère aux médias locaux de développer leurs audiences via des plateformes telles que Facebook, Twitter, YouTube et Snapchat.

Enfin, l’enquête montre une hausse globale de l’écoute des podcasts, qui atteint 31 % sur l’ensemble des vingt pays étudiés. Elle souligne aussi une baisse de la consommation de podcasts au début de la période de confinement, car les écoutes sont réalisées majoritairement dans les transports ou en dehors du domicile.

S’il y a une méfiance envers les médias, il existe aussi une défiance vis-à-vis de la communication d’entreprise. Pour le site Internet des Echos, Olivier Cimelière, directeur adjoint ESJ Pro Entreprise, a partagé, dans sa chronique, les résultats d’une récente étude de Via Voice et We Are Com montrant un désaveu vis-à-vis de la communication des entreprises, considéré majoritairement comme insincère. Face à la pandémie de Covid-19, selon 30 % des personnes interrogées, les entreprises ont voulu communiquer positivement mais seulement 14 % considèrent que ces actions de communication sont des preuves d’un engagement sociétal. Beaucoup d’acteurs économiques ont jugé, en effet, que leur effort de guerre sanitaire constituait une implication plus durable et permanente dans le temps.

Or 53 % du panel est convaincu que la sincérité ne représente pas un risque élevé pour l’entreprise. De plus, 55 % trouvent que ne pas avoir une communication sincère augmente le risque que certaines faiblesses soient découvertes au détriment de l’entreprise. Enfin, 67 % pensent qu’il faut expliquer ses points faibles et les corriger si possible.