INFLUENCE, ECOLOGIE ET TRAVAIL

INFLUENCE, ECOLOGIE ET TRAVAIL

Les influenceurs et la transition écologique, le community management et l’évolution du travail : voici les sujets de cette revue de web aoûtien.

Les influenceurs et l’environnement

Les influenceurs vantent l’hyperconsommation. Pour le site Internet de Slate, Hélène Bourelle, journaliste constate que sur les réseaux sociaux, la majorité des influenceurs continue à promouvoir des modes de vie incompatibles avec la transition écologique.

Une étude de mars 2022 commandée par StudioFY sur les jeunes et l’influence, montre qu’en France, 94% des 15-17 ans, 91% des 18-24 ans et 82% des 25-34 ans suivent des influenceurs sur les réseaux sociaux.

Selon Stéphanie Lukasik, docteure en sciences de l’information et de la communication, « Les influenceurs sont une source d’information pour leur communauté. Ils sont à l’intersection entre le média et le leader d’opinion, le pouvoir qu’ils exercent sur leur audience peut être très important. »

En 1995, deux chercheurs américains de l’université de Columbia publient « Influence personnelle », un ouvrage qui théorise le mécanisme de l’influence en développant le concept de « communication à double étage ». Après onze ans de recherches, Paul Lazarsfeld et Elihu Katz concluent que si l’information diffusée par les médias exerce un fort pouvoir d’influence, ce sont en fait les échanges entre pairs autour de sujets médiatiques qui orientent le plus la prise de décision des individus à court terme. Selon Stéphanie Lukasik, l’influenceur diffuse son contenu en ligne comme sur un média, et les partages, les likes et les commentaires créent un sens de communauté autour de l’information et la rendre virale.

La chercheuse remarque que le succès des influenceurs s’explique par la mise en valeur d’une individualité particulière, qui peut permettre une identification. Ces individus accessibles qui dictent les normes sociales à des communautés examinant leurs moindres faits et gestes, sont plus efficaces qu’une campagne de communication classique pour faire vendre. Ces affaires lucratives pour les influenceurs les plus populaires, qui prônent une vie fondée sur l’hyperconsommation, ne se souciant pas des enjeux environnementaux de leurs contenus.

Toutefois, certains créateurs de contenus sont critiqués par leurs propres communautés. « Mais ces prises de position sont minoritaires et le comportement des influenceurs ne semble pas prêt de changer.

Néanmoins, les scientifiques du GIEC notent : « Les influenceurs sociaux et les leaders d’opinion peuvent favoriser l’adoption de technologies, de comportements et de modes de vie à faible émission de carbone. ».

Mais certains influenceurs prennent des positions sur l’environnement. Suivi par plus de deux millions d’internautes, Hugo Décrypte est une référence de l’actualité dans les réseaux sociaux. Sur Youtube, Instagram, Twitch et TikTok, le vidéaste et journaliste Hugo Travers s’est fixé comme mission de rendre l’information accessible aux jeunes générations. Il s’exprime à propos du journalisme sur les réseaux sociaux dans le magazine télévisuel 28 Minutes d’Arte :

Du community management à la transformation du travail

Le community management suit certaines règles. Pour le Blog du Modérateur, Héloïse Famié-Galtier, journaliste, prodigue des conseils afin d’éviter certaines erreurs. La première recommandation : ne pas publier trop ou pas assez. Selon elle, il faut améliorer sa stratégie sur les réseaux sociaux, en mettant en place une ligne éditoriale claire. Pour mieux connaître sa cible, on doit analyser les horaires auxquels les utilisateurs sont les plus susceptibles d’être présents sur la plateforme visée. De plus, un équilibre doit être atteint entre la promotion de ses produits et services, et d’autres contenus qualitatifs illustrant les valeurs de la marque ou de l’entreprise.

En outre, la bio restreinte sur les réseaux sociaux nécessite de choisir les informations les plus importantes à mettre en valeur. Si l’objectif des réseaux sociaux étant de conserver les utilisateurs sur leur plateforme, l’intégration de liens externes est souvent réduite mais il existe de nombreux outils de création de landing pages pour les réseaux sociaux permettant de lister des liens vers un blog, un e-shop ou une page d’événement.

Par ailleurs, il convient d’analyser quels filtres ou effets peuvent être cohérents avec une communication de marque.

L’interaction est aussi importante sur les réseaux sociaux, pour le taux d’engagement. De plus, les réseaux sociaux représentent un canal de plus en plus privilégié par les utilisateurs pour entrer en contact avec une entreprise lorsqu’ils connaissent un problème. Il est donc important de répondre à leurs questions et aux mentions. Il est également possible de retweeter sur Twitter ou repartager des posts sur Instagram afin de mettre en valeur la parole de son public.

La suppression systématique des commentaires négatifs peut empirer la situation, notamment si des captures d’écran ont été réalisées. Pour l’image d’une marque, il est important d’apporter des solutions à des clients insatisfaits ou à des followers frustrés et de rassurer des clients qui pourraient présenter des préoccupations similaires.

En 2022, le format vidéo court est devenu la norme. Il est donc important de s’informer sur les dernières fonctionnalités proposées sur les réseaux sociaux. Enfin, des outils permettent une gestion automatisée des réseaux sociaux dont la planification des posts sur les réseaux sociaux.

Le travail est en cours de la mutation. Dans un article pour le site Internet de The Conversation, Sébastien Tran, Directeur de l’École de Management au Pôle Léonard de Vinci et Akim Berkani, Chercheur à l’Université Paris Dauphine – PSL citent une récente étude du cabinet One Point publiée en 2022. Celle-ci met en avant qu’un actif sur deux a déjà entrepris, pensé ou pense à une reconversion. Elle révèle que pour 93 % des personnes interrogées, les actifs changeront de nombreuses fois de métier au cours de leur carrière. Dans la presse, se multiplient les articles et témoignages concernant les changements de carrière, de mode de vie soulignant le phénomène de « grande démission » observable aux États-Unis. Celui-ci se manifeste par une transformation sociétale profonde avec une évolution des pratiques de travail, notamment le développement du travail à distance à la suite de la crise sanitaire qui a joué un rôle de catalyseur dans l’ensemble des secteurs d’activité. Cette transformation repose aussi sur le développement des technologies de l’Information et de la communication (TIC) qui ont entrainé de nouvelles formes de travail déspatialisées et de nouveaux modes de gestion.

Ainsi, le cabinet Obea et l’École de Management Léonard de Vinci ont décidé de lancer en 2022 une chaire sur les nouvelles expériences du travail (NeXT) dont le but est d’identifier les impacts des changements importants des pratiques de travail des individus et des modes d’organisation au sein des entreprises. L’objectif de cette chaire est d’analyser également les innovations managériales, les agencements des espaces de travail et le rôle des TIC dans la structuration des pratiques de travail. Ainsi, un premier travail a été effectué avec une étude auprès d’un panel représentatif de 49 responsables des ressources humaines (DRH), issus d’entreprises de toutes tailles et de tous les secteurs, à partir d’un questionnaire en ligne diffusé entre mars et avril 2022, en parallèle d’un hackathon avec des étudiants sur le thème « Le travail en 2030 : dans la peau d’un DRH ».

La synthèse montre un impact important en matière d’organisation du travail avec les notions « d’hybride, de flexibilité et de sens ». Les deux premiers concepts sont très liés au travail à distance (notamment le télétravail) qui est étudié depuis de nombreuses années, mais dont la part était restée dans les faits marginale jusque-là.

Une problématique concerne la répartition et l’encastrement organisationnel des deux modalités de travail (présentiel, à distance) au sein d’une même organisation. Le travail à distance pose les questions, au-delà de ses modalités (nombre de jours, lieux, etc.), de l’éligibilité des profils et de la coordination du travail, tout en maintenant du sens et de l’engagement pour les collaborateurs. L’un des faits marquants est le passage d’un modèle où la norme était le « travail en présentiel majoritaire/travail à distance minoritaire » à un modèle plus équilibré entre les deux modalités d’organisation (souvent une norme de 2 à 3 jours de télétravail dans les organisations). Or, même si le travail en présentiel reste important comme modalité, le déplacement du curseur entre les deux modalités entraîne des impacts très importants au sein des organisations.

Parmi les évolutions du travail de demain les plus positives, figurent le développement des compétences en continu, l’équilibre de vie et les aspects de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et de développement durable (DD). Concernant les impacts négatifs, avec le développement du travail à distance et la multiplication des outils, il y a la surconnexion, la surcharge informationnelle et l’isolement des collaborateurs.

De plus, la désynchronisation des espace-temps et des lieux a augmenté et engendre de nombreuses problématiques managériales, avec également des pratiques et attentes intergénérationnelles très différentes au sein des organisations.

Enfin, une dernière partie de l’étude porte sur les qualités et les compétences principales à mettre en œuvre dans le travail de demain. Les trois premiers facteurs cités sont l’incertitude, l’agilité et l’intelligence émotionnelle.