MEDIA, COMMUNICATION ET ENVIRONNEMENT

MEDIA, COMMUNICATION ET ENVIRONNEMENT

La difficulté d’illustrer des sujets abstraits, une charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, la disparition de la carte de visite et une communication adaptée aux pics de pollution : voici les sujets de cette revue de web de rentrée.

De l’illustration à la charte journalistique

L’illustration est une problématique des médias. Pour le site Internet de La Revue des Médias, Audrey Chabal, Journaliste indépendante note que le média Vert a cité l’étude réalisée par Saffron O’Neill, une géographe britannique où les scientifiques ont observé un corpus de 245 articles en France, Allemagne, Pays-Bas et Royaume-Uni traitant de la canicule de 2019. Tous les pays, et surtout le Royaume-Uni et les Pays-Bas, ont illustré la vague de chaleur par des photos d’activités de loisirs en extérieur.

Thierry Meneau, chef du service photo au quotidien Les Échos, a mené une réflexion avec ses équipes sur la façon d’illustrer le changement climatique. Ainsi, l’angle du papier oriente le choix de la photo : par exemple, un champ pour l’agriculture, une rivière pour la sécheresse… Le volume des publications est aussi une autre contrainte à prendre en compte. Entre le « print » et le web, les cinq journalistes-iconographes du service photo des Échos doivent illustrer entre 100 et 150 articles par jour.

Alberto Romele, chercheur en philosophie des techniques à l’université de Tübingen (Allemagne) et à la Fondation Bruno Kessler de Trente (Italie), s’intéresse, quant à lui, à la manière dont l’intelligence artificielle est représentée. Si les articles de presse ou les articles scientifiques sont largement illustrés par des figures d’humanoïdes mi-chair mi-pixels, le chercheur a noté une surabondance de bleu. Statistiquement, le bleu est la couleur préférée dans le monde. Cette couleur est connue pour son effet apaisant mais c’est la couleur de l’océan, de l’infini, de la transcendance, de la noblesse. Pour le chercheur, ce double langage du bleu a pour répercussion directe de ne pas permettre aux citoyens de ne pas s’approprier ce sujet.

Selon l’expert, le problème vient des banques d’images. Leur algorithme met en avant les images qui remportent le plus de succès. De plus, par manque de moyens, les journaux font de moins en moins appel à des professionnels pour produire des photos originales, d’autant plus sur ces sujets particulièrement complexes à mettre en scène.

Alberto Romele a identifié trois grands types d’illustrations pour l’intelligence artificielle, toutes insatisfaisantes. La première consiste à proposer des images d’algorithmes. La deuxième solution serait d’illustrer l’intelligence artificielle par des photos d’objets fonctionnant grâce à elle. Enfin, la dernière façon de représenter l’IA est de faire appel à l’imaginaire. Les iconographes utilisent alors souvent les banques d’images. Or, selon le chercheur, d’autres solutions existent. Better images of AI ou le CNRS proposent des banques d’images afin de mieux illustrer l’IA : travaux en laboratoire ou encore œuvres d’artistes « donnant à penser ». Le problème est alors que le lecteur pense que ces sujets trop conceptuels et complexes ne le concerneraient pas, alors que l’intelligence artificielle est déjà utilisée dans le quotidien (smartphone à Parcoursup).

Comme avec l’intelligence artificielle et le climat, des problématiques d’illustration du Covid-19 se sont posées en début de pandémie. Plus de deux ans après, la façon d’illustrer le Covid-19 a évolué. Désormais, les médias utilisent des images de masques, des illustrations du virus, des gants en laboratoire, des lits d’hôpitaux, des tests PCR, des individus vêtus de combinaisons intégrales anti-virus. Cette évolution de la représentation de ce sujet suit une meilleure compréhension de ce même sujet.

Par ailleurs, plus de 500 journalistes ont signés une charte pour informer mieux et davantage sur l’environnement. Parmi les treize points de cette « Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence climatique », figurent ces éléments : « s’interroger sur le lexique et les images utilisées […] éviter les images éculées et les expressions faciles qui déforment et minimisent la gravité de la situation ». Le magazine télévisuel Cmédiatique de France 5 s’est emparé de la signature de cette charte afin de décrypter l’événement :

De la carte de visite à une communication adaptée

La crise écologique et l’épidémie de Covid-19 ont aussi marqué le début de nouveaux modes de communication. Pablo Maillé, journaliste d’Usbek & Rica, note que selon le Wall Street Journal, la pandémie de Covid-19 a marqué le début de la disparition des cartes de visite, considérée laborieuse et peu respectueuse de l’environnement. Ainsi, beaucoup de professionnels se tournent vers des solutions hybrides ou virtuelles.

Déjà, en juillet 2021, le New York Times s’interrogeait sur l’éventuelle disparition des boîtes mail. Pour expliquer ce phénomène, le quotidien évoquait plusieurs facteurs comme le stress causé par le fonctionnement des boîtes de réception.

Dans un long article publié le 24 août dernier, le Wall Street Journal revient en effet sur la disparition prochaine des cartes de visite car de nombreux professionnels ont pris l’habitude de travailler à domicile, de changer d’emploi et d’assister à leurs conférences et à leurs réunions en ligne.

Désormais, beaucoup choisissent des solutions hybrides, voire entièrement virtuelles comme un QR code sur un fond d’écran de son téléphone portable. Celui-ci redirige vers un lien de la marque HiHello, où sa carte de visite numérique personnelle apparaît. Ses coordonnées sont alors automatiquement transférées sur l’appareil de l’interlocuteur, qui n’a aucune démarche supplémentaire à accomplir.

D’autres sociétés adoptent aussi ces nouvelles pratiques. VistaPrint, leader du secteur et propriété du groupe Cimpress PLC, a notamment ajouté la possibilité d’intégrer des QR codes à ses modèles de cartes de visite en 2020. En 2018, le réseau social LinkedIn avait également ajouté une fonctionnalité permettant aux utilisateurs de créer un QR code à partir de leur profil.

Par ailleurs, certains passionnés de technologie vont encore plus loin en se faisant greffer une puce électronique entre le pouce et l’index de sa main gauche, pour que ses nouvelles connaissances puissent la « scanner plus facilement ».

La pollution inspire aussi les communicants. Pour le site Internet d’Influencia, le journaliste Sacha Montagut explique comment Uber a conçu une campagne de communication afin de combattre la pollution tout en vantant les mérites de ses services plus respectueux de l’environnement.

Pour accompagner les annonces des autorités concernées (comme Airparif, l’organisme chargé de la surveillance de la qualité de l’air en région Île-de-France), Uber activera en temps réel un plan de communication en own et paid media afin de rappeler aux utilisateurs à réduire leurs déplacements, tout en proposant une réduction de 50% sur les modes de transport les plus durables disponibles sur son application pour les trajets essentiels : Uber Green, les vélos et trottinettes électriques Lime et les scooters électriques Cityscoot.

Ainsi, un code permettant d’obtenir la promotion sera envoyé par mail à chaque nouveau pic. En outre, Uber encouragera les déplacements en transports en commun via une option dédiée dans son application servant à planifier son itinéraire en métro ou RER en Ile-de-France. Uber précisera toujours qu’une course Uber Green à -50% sera toujours plus chère que le prix du Forfait Antipollution de la RATP. Cette campagne est déclinée en affichage extérieur papier et digital, print et social media du 7 septembre jusqu’au 18 octobre dans 14 villes de France : Paris, Lille, Bordeaux, Nice, Marseille, Nantes, Lyon, Strasbourg, Toulouse, Montpellier, Rouen, Reims, Avignon et Toulon.