INTERNET, AUDIO ET ENVIRONNEMENT

INTERNET, AUDIO ET ENVIRONNEMENT

Les usages d’Internet et de l’Audio par les Français, le phénomène du Greentrolling et la représentation de la transition écologique dans les médias : voici les thèmes de cette revue de web en ce mois de mai.


Internet et audio

Les usages d’Internet par les Français évoluent durant la journée. Estelle Raffin, journaliste du Blog du Modérateur, dévoile les chiffres clés de Médiamétrie sur cet usage selon les différentes tranches horaires : matin (6h-12h), après-midi (12h-18h), soirée (18h-minuit) et nuit (minuit-6h).
Les Français consultent plus les sites d’actualités le matin : 36 % du temps passé quotidien sur cet univers, soit beaucoup plus que l’après-midi et en soirée. En outre, les jeunes (18-24 ans) visitent de plus en plus ces médias : +5 points en 2 ans (27 % du temps passé quotidien).
Quant aux vidéos, elles sont très consommées en soirée et la nuit : 12 % du temps quotidien consacré à la vidéo est entre minuit et 6h, soit plus d’un dixième du temps.


Par ailleurs, les Français surfent sur Internet principalement en soirée (18h-minuit). Cela équivaut à 36 % du temps Internet quotidien, contre 32 % pour l’après-midi (12h-18h), 25 % pour le matin (6h-12h) et 6 % pour la nuit (minuit-6h).

Le format Audio est encore consommé par les Français. Appoline Reisacher, journaliste du Blog du Modérateur, cite la quatrième édition de l’étude Global Audio de Médiamétrie dont le but est d’identifier les tendances de consommation des contenus audio en France. L’enquête, effectuée en février 2022, se base sur un échantillon de 4 074 internautes âgés de 15 ans et plus, représentatif de la population « internaute ».


Ainsi, 82,3 % des Français écoutent quotidiennement un contenu audio (radio, podcast, livres audio, streaming musical…) chaque jour. De plus, ce chiffre dépasse les 95 % en termes d’écoute mensuelle.
En outre, 42 % du volume d’écoute total de la journée est effectué avant midi. De plus, 37 % de la consommation audio se fait en dehors du domicile, notamment lors de déplacements en voiture. La radio, le format le plus apprécié des Français, représente 57 % du volume total de la consommation audio quotidienne.


La digitalisation des usages impacte aussi l’audio : en 2022, près de la moitié de la consommation audio se fait via Internet. Ainsi, 76,3 % des internautes écoutent un audio digital chaque mois (contre 71 % en 2020, soit une augmentation de 5,3 points). Parmi les formats digitaux, le podcast se démarque. 17,6 millions d’auditeurs consomment, en effet, un podcast par mois au minimum (+ 2,6 millions par rapport à 2021), soit 36,1 % des internautes.


Du Greentrolling aux médias

Un nouveau militantisme en ligne veut alerter les citoyens sur le verdissement abusif du discours de certains acteurs économiques sur leurs activités. Pour le Blog du Communicant, Olivier Cimelière, journali-communicant, analyse le phénomène de Greentrolling. Il cite la journaliste américaine spécialisée sur les questions climatiques et autrice de la newsletter Heated, Emily Atkin qui a étudié les opérations de communication réalisées par l’industrie pétrolière aux Etats-Unis. Au cours de son enquête, elle a noté que cette industrie n’a jamais été autant proactive depuis plusieurs décrets de Joe Biden visant à réglementer l’exploration et l’extraction de pétrole et de gaz sur les terres fédérales et dans les eaux territoriales en janvier 2021 . Elle a remarqué que celle-ci exploite un vide juridique dans le règlement de Twitter qui exclut depuis 2019, les annonces à caractère politique.


Pour combattre les orientations politiques de Joe Biden, ExxonMobil parle dorénavant de « produit » et non plus de politique tout en insinuant que ces décrets ne sont pas souhaitables. Dans un tweet, la compagnie pétrolière propose aux twittos de découvrir « comment le gaz naturel contribue à façonner un monde plus propre autour de nous » introduisant l’idée que le gaz représente 60% de moins d’émissions de carbone que le charbon. Robert Brulle, un sociologue de l’environnement qui analyse les publicités de l’industrie pétrolière à l’université Drexel à Philadelphie dénonce cette ambivalence : « La publicité pour le gaz naturel d’Exxon est fondamentalement trompeuse car elle ne met pas en contexte la pollution par le carbone du gaz naturel comme contribuant au réchauffement climatique. C’est juste un autre effort pour manipuler l’opinion publique afin de soutenir les options que l’entreprise souhaite ».


Face à ces campagnes trompeuses, le « greentrolling » est un nouvel outil de communication activiste sur Twitter, LinkedIn, Instagram et Facebook que l’industrie des énergies fossiles utilise aussi pour promouvoir sa vision du changement climatique. Geoffrey Supran, un chercheur de Harvard analyse les tactiques de communication des compagnies pétrolières : « Les médias sociaux sont désormais, pour le meilleur ou pour le pire, au cœur même de la conscience publique. Celui qui gagnera ce terrain aura la main haute pour dominer la conversation sur le climat ».


Face aux dispositifs de communication et d’influence des grandes sociétés pétrolières, Amy Westervelt, journaliste spécialisée sur le changement climatique et co-animatrice de l’émission « Hot Take », considère que le « greentrolling » est un puissant levier pour contrer les messages de leurs adversaires : « La peur est la force motrice de la plupart de leurs messages. Ils ont recours au cerveau de lézard, au type de message le plus émotionnel et vous ne pouvez pas combattre cela avec des tableaux et des graphiques ». Geoffrey Supran partage la même opinion : « L’utilisation de l’humour et du langage accessible de l’internet pour lutter contre la désinformation crée un spectacle et un drame qui capte l’attention des gens d’une manière que n’auraient pas un manuel scientifique et des faits sur les ours polaires ».


Pour Mary Heglar, le « greentrolling » permet de s’assurer que les personnes ne sont pas induites en erreur par les équipes de communication des entreprises qui se présentent comme des championnes de l’environnement. Il fait appel à un langage de tous les jours pour « contrer les voix qui portent la plus grande part de responsabilité dans la crise climatique ».
Par ailleurs, les citoyens doutent toujours fortement de la sincérité des entreprises concernant leurs engagements sociaux et environnementaux. 75% des Français sont suspicieux et 42% considèrent leurs actions superficielles selon le sondage Harris Interactive pour le mouvement Impact France en février 2022.


Si le « greentrolling » était limité aux énergies fossiles, il s’est étendu à d’autres secteurs comme les banques, l’industrie et les enseignes du textile, les marques de sport et la cosmétique. Cela se manifeste par une augmentation de profils sociaux et de blogs qui cherchent à contrer le discours verts de certaines entreprises. Le compte Twitter Greenwashing Lovers de Céline Reveillac en est un exemple.


Le traitement de l’environnement dans les médias est également scruté par des Think Thanks comme le Shift Project. Celui-ci a organisé une rencontre sur la visibilité de la transition écologique dans les médias avec l’évènement pour la planète, ChangeNOW dont le replay est diffusé sur Facebook et YouTube :