ENERGIE, CRISE ET DESINFORMATION

ENERGIE, CRISE ET DESINFORMATION

La couverture médiatique de l’énergie et du climat, la réindustrialisation, la désinformation et Twitter : voici les thèmes de cette revue de web de mai.

Energie, climat et information

L’énergie est plus maltraitée que le climat dans la désinformation. Le site Internet de la revue Stratégies a dévoilé une étude de Newsback sur la visibilité médiatique des sujets traitant d’énergie et de fake news qui a atteint un pic en mars 2022, lorsque Poutine a menacé d’arrêter l’approvisionnement du gaz de l’Europe. Newsback a analysé 5 400 programmes d’information diffusés par 410 chaînes de télévision et de radio et une sélection de 3 000 publications de presse écrite imprimée et en ligne, du 1er janvier 2013 au 31 mars 2023. Il en ressort que les articles ou les sujets liant énergie et désinformation (92 015 citations), sont plus de deux fois plus importants que ceux traitant de climat et de désinformation (40 649 citations). La presse en ligne est le média qui traite le plus de ces sujets : 50 % des citations pour le climat et 40 % pour l’énergie.

Selon l’entreprise, « La guerre en Ukraine a amorcé l’envolée des coûts de l’énergie et propulsé sur le devant de la scène médiatique une série de débats, polémiques et initiatives politiques autour des sources d’approvisionnement, de la souveraineté énergétique de la France, de la relance du nucléaire et de la politique en la matière des dernières décennies, de la pertinence et du développement des énergies renouvelables, de la transition énergétique des bâtiments, de l’éclairage public et de la sobriété. »

Les énergies fossiles sont les plus médiatiques de toutes les énergies et les principales sources d’infox depuis 2013. Le pétrole représente 37 % du total des articles ou sujets traitant d’énergie pendant dix ans. Cette source d’énergie est la plus souvent associée à la désinformation (33 %), notamment en 2018, au moment des Gilets jaunes en réaction à la hausse des prix des carburants et à la taxe associée. Le gaz, qui correspond à 30 % des articles traitant d’énergie, est à l’origine de 31 % des articles traitant d’énergie et de désinformation, notamment après l’invasion de l’Ukraine en 2022.

Le nucléaire (18 % des articles traitant d’énergie) ne se place qu’en troisième position mais il est de plus en plus lié à la fausse information car il représente 25 % des articles traitant d’énergie et de désinformation, contre 20 % dix ans plus tôt.

Le pic de visibilité médiatique de l’énergie correspond à la présentation d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, de son projet de loi relatif à l’accélération de la production d’énergies renouvelables en septembre 2022.

Crise de l’énergie, réchauffement climatique, crise sanitaire … Rarement les politiques ont, en effet, autant fait appel à des scientifiques et les journalistes – scientifiques en particulier – ont été très exposés. Cette année, la journée Sciences et Médias est organisée par l’Association des Journalistes Scientifiques de la Presse d’Information (AJSPI), la Bibliothèque nationale de France (BnF), la Société Chimique de France (SCF), la Société Française de Physique (SFP), la Société Française de Statistique (SFdS), la Société Informatique de France (SIF), la Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles (SMAI) et la Société Mathématique de France (SMF). Les journées réunissent tous les ans les acteurs de la science et des médias autour de thématiques concernant la place de la science dans les médias. Cette année, son objectif est de tenter de comprendre comment fonctionnent les relations entre les scientifiques, les journalistes et les politiques et fournir des pistes pour améliorer les dialogues. Cette journée soulève, en effet, de nombreuses questions autour du journalisme et de la communication sur des sujets scientifiques et environnementaux. Il est possible de consulter cette journée sur YouTube :

De la réindustrialisation à la désinformation

Une autre journée spéciale a été, quant à elle, organisée par la chaine d’information BFM Business depuis l’Elysée autour du thème : “Accélérer notre réindustrialisation”. Elle pouvait être suivie en direct. Mais une partie de cette journée est consultable en rediffusion sur YouTube :

Lors de cette journée, un chef d’entreprise remarquait qu’il fallait changer l’image de l’industrie en France : « on ne fait plus d’industrie à la chaine avec des bas salaires, comme on le faisait » à l’époque.

Les tentatives de régularisation numérique européenne connaissent des écueils auprès des chefs d’entreprise. Stella Rosso, rédactrice web pour le site Internet du Siècle Digital, rapporte que Twitter va quitter le code des bonnes pratiques de l’UE contre la désinformation en ligne.

Créé en 2018, le code européen des bonnes pratiques réunit une trentaine d’acteurs ayant rédigé, ensemble, une quarantaine d’engagements afin de combattre efficacement la propagation de fausses informations. Son but est de mieux coopérer avec les fact-checkeurs et de priver de publicité les sites transmettant des infox. Le texte a été révisé en juin 2022 et approuvé par 34 signataires supplémentaires, parmi lesquels figurent Meta, Google, Microsoft, TikTok et Twitter.

Dès le 25 août prochain, les plateformes technologiques devront augmenter leurs efforts afin de diminuer les risques liés à la désinformation et aux contenus illégaux. Si elles ne respectent pas le Digital Service Act, une amende allant jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires global pourront leur être exigée.

La modération de contenu est un point de désaccord entre l’UE et Elon Musk. Le dirigeant préfère solliciter les internautes de la plateforme via les Community Notes, permettant d’ajouter un contexte à un tweet, plutôt que des fact-checkeurs. De plus, les internautes peuvent désormais obtenir la pastille bleue certifiant l’authenticité contre une dizaine de dollars par mois grâce à l’abonnement Twitter Blue. Enfin, Elon Musk préfère faire appel à l’intelligence artificielle et aux bénévoles pour réguler les contenus publiés sur la plateforme.