FAKE NEWS, CLIMAT, LANGAGE ET COVID

FAKE NEWS, CLIMAT, LANGAGE ET COVID

Fake news, changement climatique, langage, Covid, enquête : voici les thèmes abordés lors de cette revue de web en cette fin d’été.

Fake news et communication

Les réseaux sociaux ont laissé le secteur pétrolier diffuser de fausses informations. Pour le site Internet de Slate, Clarisse Portevin, journaliste, a rapporté que selon un rapport du think tank londonien InfluenceMap, Facebook n’a pas mis fin à une campagne de désinformation de l’industrie pétrolière sur la crise climatique. L’analyse, publiée jeudi 5 août, a noté une augmentation de la publicité de ces sociétés lors de l’élection présidentielle américaine de 2020. L’objectif de ces annonces, diffusées aux États-Unis, étaient d’influencer le débat sur les politiques de lutte contre le changement climatique.

Le groupe de réflexion InfluenceMap a repéré 6 782 publicités mensongères à propos des énergies fossiles sur Facebook en 2020. ExxonMobil, en particulier, a fait appel au réseau social afin de faire la promotion de l’emploi du pétrole, jugé abordable, fiable et important pour que l’Amérique ne dépende pas d’autres pays dans son approvisionnement énergétique.

Au total, vingt-cinq entreprises de l’industrie pétrolière et gazière auraient investi au moins 9,5 millions de dollars dans l’achat de publicités sur Facebook en 2020. Ces pubs ont été visionnés plus de 431 millions de fois et Exxon a dépensé 5 millions de dollars selon le Guardian.

Selon le rapport, cette industrie fait appel à une série de techniques de communication beaucoup plus nuancées que leurs anciennes déclarations catégoriques qui niaient la crise climatique. Certaines techniques les plus significatives lient l’emploi du pétrole et du gaz au maintien d’une bonne qualité de vie et mettent en valeur les actions prises par l’industrie pour lutter contre le changement climatique. Le rapport souligne aussi le rôle de Facebook, qui aurait facilité la diffusion des fausses informations, en n’appliquant pas ses propres politiques pour retirer publicités erronées.

InfluenceMap précise que Facebook a supprimé certaines publicités qui avaient fait de fausses déclarations, ou pour ne pas avoir indiqué qu’elles concernaient des politiques environnementales, mais que la plateforme a permis à de nombreuses autres annonces d’être publiées sans aucune régulation. Néanmoins, le rapport indique que l’augmentation des dépenses dans les publicités Facebook date de juillet 2020, soit immédiatement après que le candidat à la présidence Joe Biden a annoncé un plan de financement afin de promouvoir l’usage d’énergies propres.

Les entreprises ont, en effet, un rapport ambigu avec l’environnement. Julien Féré, directeur de la communication Voyages chez SNCF et Professeur Associé au Celsa (Paris Sorbonne) se questionne dans la tribune pour le site Internet d’Usbek & Rica sur la capacité des marques à fournir un apport positif aux problèmes environnementaux.

Selon l’expert, la première raison pour laquelle une marque fera évoluer son produit ou ses conditions de production, est la mise en danger de son modèle de croissance et de rentabilité. Quand ses affaires sont menacées, la marque fournira des moyens très importants pour apporter des solutions concrètes.

La communication n’est pas la solution aux problèmes environnementaux. Elle ne peut répercuter que l’écho de véritables actions et d’engagements. Nutella a été dénoncé pour sa surconsommation d’huile de palme, responsable de déforestation massive, notamment en Malaisie. Face à la concurrence qui a développé des alternatives « sans huile de palme », la marque a organisé une filière vertueuse.

Du Covid au Médiator

Un témoignage d’un influenceur sollicité pour dénigrer le vaccin Pfizer

L’épidémie du covid a aussi entraîné des répercussions sur notre langage. Pour le site Internet de The Conversation, Pascal Lardellier, Professeur à l’Université de Bourgogne France-Comté et chercheur à Propedia (Groupe IGS, Paris), note que langage construit non pas le monde mais une représentation de celui-ci, partielle et partiale.

Depuis une quinzaine d’années, les nouveaux mots entrés au Robert ou au Larousse provenaient du secteur médias, des nouvelles technologies et du management et étaient souvent des anglicismes. Ainsi, en 2019, les entrants étaient « coworking », « boboïser », « anticasseur », « millenial » et « infox », entre autres. Mais depuis 2020, un lexique « covidien » est en expansion constante. Des mots font partie de notre quotidien : cluster, confinement, distanciation sociale, pangolin, taux d’incidence, attestation, gestes, quatorzaine, quarantaine, barrières, variant, comorbidité, masques, gel, déconfinement, vaccinodrome, « réa » (pour réanimation), anticorps, positif (ou négatif), asymptomatique, cas contact, et le reste à l’avenant.

Ainsi, des mots communs prennent une importance ou signification nouvelle : soignant, gestes, (associé à « barrière »), gel, tests, jauge, d’attestation, complotiste, essentiel, distance. En outre, des noms propres qui évoquent des personnages, des réalités ou des marques préexistants se sont propagées dans l’espace médiatique : Covid, Pfizer, AstraZeneca, Raoult, hydrochloroquine, Zoom, Lancet, Ivermectine, WhatsApp, Teams, Castex ….

Si les maladies dites « à coronavirus » existaient déjà dans le vocabulaire médical, ce mot est soudain devenu courant. De plus, les termes « distanciel » et « présentiel » étaient déjà utilisés dans l’entreprise, l’épidémie leur a donné une nouvelle visibilité. Par ailleurs, des sigles apparus sont devenus communs : PCR, R-0, ARS, ARN messager, FFP2…

Par ailleurs, des expressions « quoi qu’il en coûte », « prenez soin de vous », « click and collect », « le masque, sur le nez ! », « nous sommes en guerre », « en première ligne », « ennemi invisible », « passe sanitaire », ont également envahi notre quotidien.

Ces termes sont liés à la maladie, au soin, à la contagion. D’autres relèvent de la sphère sémantique de la relation : les technologies, la distanciation, les gestes barrières, ou encore « présentiel » et « distanciel ». Les mots liés à la guerre ont été beaucoup employés.

La nomination du virus a également évolué. Si son nom médical est pour les spécialistes « SARS-CoV-2 » (abréviation de « severe acurate respiratory syndrome »), il est passé de « coronavirus » à « Covid-19 », puis à « Covid ». De plus, si les variants ont longtemps étaient localisés géographiquement (« anglais » « brésilien », « sud-africain » …), ils ont été désignés par des lettres grecques dans un probable souci de non-discrimination. Malgré l’avis contraire de l’Académie, Le Petit Robert a choisi le masculin et les minuscules pour le terme « covid ».

Si le journaliste utilise des termes précis, il a besoin d’informateurs pour rédiger ses enquêtes. Sur le site Internet de la Revue des Médias, le journaliste Mathieu Deslandes, livre le témoignage d’Anne Jouan, avec son informateur principal lors de son enquête sur le scandale du Médiator. Lorsqu’elle enquêtait sur le Mediator au Figaro, elle a fait appel à une trentaine d’informateurs. En lui livrant un nombre important de documents, l’un d’entre eux a joué un rôle majeur.

En octobre 2010, sept heures ont été nécessaire à cette journaliste qui travaillait alors au service sciences du Figaro pour convaincre un fonctionnaire de devenir une source majeure sur le scandale du Mediator, en lui fournissant semaine après semaine les documents.

Avant de faire parler une source, il faut lui faire accepter le principe d’une rencontre et gagner sa confiance. Puis il faut identifier un levier à actionner, une motivation personnelle afin qu’il se confie. Après, arrive le temps de poser des questions.