ENVIRONNEMENT, RESEAUX SOCIAUX ET TRAVAIL

ENVIRONNEMENT, RESEAUX SOCIAUX ET TRAVAIL

L’impact environnemental du numérique, le mode de recommandation de You Tube, les stratégies « antivax » sur Twitter et le travail hybride : voici les sujets de cette revue de web automnale.

Numérique et recommandation

L’utilisation du numérique entraîne des conséquences sur l’environnement. Dans un article du site Internet de The Conversation, Laurent Bertrandias, Professeur de marketing, TBS Business School, Leila Elgaaied-Gambier, Associate professor, TBS Business School et Yohan Bernard, Maître de conférences en Sciences de gestion et du management à l’Université de Franche-Comté rappellent que le numérique était ainsi à l’origine de 3,7 % des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde en 2018. 44 % de cette empreinte serait due à la fabrication des terminaux, des centres informatiques et des réseaux et 56 % à leur utilisation. En France, ces émissions pourraient croitre de 60 % d’ici 2040, atteignant 6,7 % des émissions totales du pays. À titre de comparaison, la part du transport aérien est de 4,7 %.

Ainsi, des opérateurs comme Orange communiquent de plus en plus sur les « écogestes » numériques en faveur de l’environnement. Les GAFAM mettent, quant à eux, en avant l’énergie verte qui fait fonctionner leurs centres de données et leurs efforts afin de réduire leur impact environnemental. En France, le Sénat a débuté en 2020 une mission d’information relative à l’empreinte environnementale du numérique et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a publié un guide pratique sur ce thème.

Une étude récente des professeurs a montré que les internautes français pensent être assez peu informés de l’impact environnemental du numérique, mais lorsqu’ils le sont, ils ne veulent pas modifier leurs habitudes. Ils renvoient la responsabilité d’agir aux entreprises et aux pouvoirs publics.

Ce rejet de la responsabilité individuelle s’explique par les pratiques concernées (Internet mobile, réseaux sociaux, vidéo en streaming, etc.) devenues une « norme sociale » et la croyance que chaque progrès technique apporte sa part de pollution qu’il faudrait l’accepter en raison de ses bénéfices, un certain scepticisme sur la réalité du problème et un sentiment d’impuissance. Pourtant, la plupart disent être sensibles aux questions environnementales.

Enfin, les professeurs livrent des conseils pour réduire son empreinte : trier ses e-mails, éviter d’envoyer de gros fichiers joints à beaucoup destinataires, enregistrer dans les favoris l’adresse des sites web fréquemment visités, compresser les fichiers avant de les déposer sur le cloud, sélectionner les photos et les vidéos placées sur les espaces partagés, éviter de streamer des vidéos en 4K et garder plus longtemps ses équipements (smartphone, ordinateur).

La recommandation sur la plateforme Youtube s’appuie sur un dispositif de contrôle. La journaliste du Blog du Modérateur, Alexandra Patard, explique le mode de recommandation des vidéos par Youtube. En analysant les clics, la durée de visionnage et les partages, YouTube alimente son flux de contenus suggérés. Par souci pédagogique, YouTube dévoile les coulisses de son système conçu en 2008. Son objectif : faciliter la recherche de vidéos par les utilisateurs sur la plateforme.

Les recommandations représentent une part importante de l’audience globale sur YouTube, plus que les abonnements aux chaînes ou la recherche. Elles occupent désormais un rôle central pour la communauté. Les vidéos conseillées par YouTube se trouvent à deux endroits sur la plateforme : sur la page d’accueil et dans la partie « À suivre ». Parmi les contenus proposés, l’utilisateur peut découvrir des recommandations personnalisées selon son utilisation de l’application, des abonnements et des dernières vidéos mises en ligne. Lorsque le visionnage d’un contenu est terminé, un panneau s’affiche pour proposer d’autres vidéos sur la même thématique.

Si l’utilisateur ne veut pas que certaines données soient partagées avec la plateforme, un système de contrôle est disponible. Il peut ainsi mettre en pause, modifier ou supprimer son historique de recherche et de visionnage à tout moment.

En outre, un modèle d’apprentissage automatique a également été conçu pour « prédire les réponses potentielles » des utilisateurs de la plateforme aux enquêtes qu’elle réalise, afin de connaître si une vidéo est jugée satisfaisante ou non. Si ce n’est pas le cas, cela signifie que vous ne souhaitez probablement pas voir d’autres contenus de ce type.

Enfin, pour lutter contre les fakes news et les contenus « problématiques » ou « limites », la plateforme a intégré de nouvelles classifications au dispositif de recommandation afin d’identifier les vidéos qui font autorité et celles qui ne devraient pas être dans le flux des suggestions. Ainsi, des évaluateurs, parmi lesquels figurent des experts, contrôlent la qualité des informations diffusées sur les chaînes et dans les vidéos à partir de guidelines précises. Ces évaluations permettent d’évoluer son système de recommandation en modélisant leurs décisions afin de l’adapter à toutes les vidéos présentes sur la plateforme.

Des antivaccins au travail hybride

Des communautés luttent contre les stratégies vaccinales officielles sur Twitter. Sur le site de l’ADN, Elsa Ferreira, journaliste, cite les travaux de Nicolas Vanderbiest, fondateur de l’agence Saper Vedere qui analyse les phénomènes d’influence en ligne. Celui-ci a cartographié les différentes prises de position sur Twitter. Selon lui, les personnes se déclarant antivax tiennent un discours anti-pouvoir.

Les « réinformateurs » considèrent que l’information diffusée n’est pas correcte. Selon eux, il faut tenir un contre-discours. Ainsi, un courant à tendance écologiste promeut une vie saine pour renforcer le système immunitaire. D’autres défendent une information alternative, voire complotiste.

Quant aux « têtes d’affiche », il s’appuie sur des figures d’autorité venues du milieu médical. Le collectif ReinfoCovid Officiel (29,8K de followers) en est un exemple. Il regroupe des soignants, médecins et scientifiques universitaires. Dans cette communauté, figurent des médias alternatifs tels que FranceSoir ou VirusWar ou des comptes complotiste comme Le Libre Penseur.

Autre communauté : « Suis-moi, je te suis. » Ce groupe suit un maximum de personnes pour être suivi en retour, croître sa visibilité et renforcer sa réputation. Il tweete des dizaines de milliers de messages. Leur discours sceptique, remet en cause la gravité du coronavirus et l’utilité des politiques sanitaires. 

En outre, la communauté « Les patriotes » utilisent les mots clés dans leurs biographies Twitter : #patriotes, #gaullistes, #zemmour2022, et #jambonbeurre. Nicolas Vanderbiest pense que ce groupe n’a aucune allégeance à un parti mais une forte tendance « Français de souche ». Ses membres trouvent le gouvernement totalitaire et ils pensent qu’il faut reprendre le pouvoir. Enfin, la communauté « Les Gilets Jaunes » regroupent des révoltés. Elle croit que le vaccin répond aux intérêts de l’industrie pharmaceutique, nommée « Big Pharma », et sont très anti-macronistes. Selon Nicolas Vanderbiest, ces membres considèrent que « le gouvernement est à la solde du pouvoir économique ». Ils soutiennent également la sortie de la France de l’Union européenne.

Le milieu de travail devient de plus en plus hybride. Dans sa chronique sur le site Internet d’Harvard Business Review, Guillaume Alvarez, Vice-président senior Europe, Moyen-Orient et Afrique de Steelcase note que selon les recherches du groupe de mobiliers de bureau, 86% des employés français auront dorénavant plus de choix et de contrôle sur leur lieu de travail.

Les groupes d’employés les plus performants connaissent une infrastructure sociale solide qui donne du sens à leur travail, augmente leur sentiment d’appartenance, la confiance et la résilience. Or la cohésion au sein des espaces de travail et la culture implicite ont été durement affectées par la pandémie, qui a entraîné de nouveaux défis pour les dirigeants et leurs équipes dans le monde entier. Dans la plupart des cas, le nombre d’heures travaillées à domicile s’est accru, la productivité a, quant à elle, diminué.

Outre la créativité, la présence au bureau facilite le développement des liens. Si la présence physique permet de créer des liens et de cultiver son réseau, elle offre aussi de nombreuses informations (état d’esprit du groupe…).

Pour rapprocher les individus et créer une communauté soudée, la conception intelligente d’espaces de collaboration et de socialisation permet d’insuffler de la vitalité à l’environnement de travail et stimuler l’innovation via la confrontation des idées et des personnalités.