MEDIATION, INFORMATION ET STORYTELLING

MEDIATION, INFORMATION ET STORYTELLING

La médiation scientifique, les influenceurs des réseaux sociaux, la consommation de l’information dans le monde, les accroches du storytelling : voici les points abordés dans cette revue de web estivale.

Médiation scientifique et influenceur

La médiation scientifique n’est pas neutre. Professeur agrégé de sciences physiques, docteur en sciences de l’éducation et en philosophie, Richard-Emmanuel Eastes analyse la portée politique de la médiation scientifique dans un article du site Internet de The Conversation. Sa chaîne de vidéos Savoirs en Société créée il y a 18 mois, décrypte les rouages des relations science-technologie-société dans leur globalité. Cette posture, portée par un nombre croissant d’acteurs de la culture scientifique, privilégie naturellement les formes de médiation mettant la science en discussion. Ces médiations créent alors du lien social et donnent du pouvoir d’action à leurs publics. Elles se distinguent des formes de communication de la science plus archaïques dont l’objectif consiste à instruire les foules ou de les éduquer à la rationalité.

Elle se démarque également des approches de la communauté rationaliste hétéroclite agrégée au mouvement zététique qui instrumentalise le rationalisme scientifique à des fins idéologiques, visant notamment la promotion du progrès technologique.

Car le monde de la culture scientifique, très corporatiste et soudé autour de ses missions, a particulièrement tendance à éluder les questions susceptibles de le diviser au risque de la pusillanimité et du paradoxe, notamment au regard des sources de financement de ses activités. Mais il contourne ce fait en se concentrant sur la problématique de l’appropriation culturelle de la science par la société et en continuant à émettre des réflexions sur la nature des savoirs à partager, réalisée par les acteurs de la vulgarisation scientifique depuis longtemps.

Les influenceurs sur les réseaux sociaux créent un contenu mais parfois sans des règles éthiques. Créateurs de contenus et supports publicitaires, la journaliste, Marjolaine Koch et Cellule investigation de Radio France étudient le phénomène des influenceurs sur le site Internet de France Culture. Depuis près de dix ans, les influenceurs développent de nouveaux codes sur les réseaux sociaux en mélangeant les genres. Ils font appel à Instagram, YouTube, TikTok ou Snapchat pour produire du contenu comme l’astronomie ou la vulgarisation scientifique… Recherchés par les publicitaires, ils sont suivis par des milliers ou des millions d’abonnés, les « followers ». Ils ont inventé une nouvelle façon de faire de la publicité. D’ailleurs, désormais les mérites d’un produit sont promotionnés sur les réseaux sociaux, par des influenceurs qui n’informent pas sur le partenariat avec la marque qui les rémunère.

Aujourd’hui, le marché de l’influence est estimé à 15 milliards d’euros. 500 000 influenceurs contracteraient des partenariats publicitaires, et seulement 4 % d’entre eux auraient des revenus confortables. Ainsi, certains promotionnent un produit dans leur contenu. Par exemple, Léo Grasset, fondateur de la chaîne de vulgarisation scientifique Dirty Biology suivie par 1,2 million d’abonnés, réalise des vidéos de 30 minutes basées sur le produit à promouvoir. A l’occasion d’un épisode sur la réalité virtuelle, il a fait appel à un jeu vidéo à la mode pour faire sa démonstration, la marque l’ayant rémunéré plusieurs dizaines de milliers d’euros pour cette mise en avant.

Une seule règle régit ces partenariats. Aux vidéos ou photos, l’Autorité de régulation de la publicité (ARPP) demande d’indiquer la mention d’un hashtag ou « mot-dièse », qui identifie la publication tels que #sponsorisé, #partenariat ou #collaboration. Selon la dernière étude réalisée par l’ARPP, seuls 55 % des posts sponsorisés étaient identifiés en 2019.

De l’information au storytelling

La crise sanitaire a accéléré les changements de la consommation d’information dans le monde. Sur le site Internet de la Revue des Médias, la journaliste Maya Elboudrari dévoile les résultats du rapport annuel du Reuters Institute for the Study of Journalism sur la consommation mondiale de l’information. 5 tendances ressortent de cette étude. 44 % des sondés déclarent accorder leur confiance aux médias la majorité du temps, soit six points de plus que l’année dernière. Avec un taux de confiance de 29 %, les États-Unis sont à présent le pays où ce niveau est le plus faible. La France enregistre le même niveau de défiance : seulement 30 % de sondés font confiance aux médias, même si cette proportion a augmenté de neuf points cette année. Parmi l’ensemble des médias, les journaux locaux et régionaux français sont jugés comme les plus fiables.

Par ailleurs, la crise sanitaire a augmenté l’écart entre la confiance accordée aux médias, et celle vis-à-vis des actualités sur les réseaux sociaux où les sondés ont le plus lu ou vu de « fake news » concernant le Covid-19.

En outre, le Covid-19 a accéléré les mutations numériques de la presse écrite. Mais la proportion de gens prêts à payer pour des informations en ligne continue à être faible : autour de 17 % dans une vingtaine de pays où ces modèles se développent. 73 % des utilisateurs utilisent leur smartphone pour consulter les médias. Ce pourcentage dépasse de loin celui des ordinateurs dans presque tous les pays étudiés. Dans douze pays étudiés (Royaume-Uni, États-Unis, Allemagne, France, Espagne, Italie, Irlande, Danemark, Finlande, Japon, Australie et Brésil), 66 % des sondés en moyenne font appel aux réseaux sociaux pour consommer, partager ou commenter les actualités. Parmi ces plateformes, Facebook perd progressivement du terrain, tout en restant le réseau social leader concernant l’actualité. En revanche, Whatsapp, Telegram, TikTok et Instagram gagnent en importance. Sur les nouveaux réseaux sociaux tel que Snapchat ou TikTok, les influenceurs concurrencent les journalistes et les médias.

Le storytelling a ses ficelles. Pour le site Internet de Harvard Business Harvard France, Franck Plasse, professeur de sciences politiques et de communication à l’université Paris Est Créteil, donne quelques conseils de storytelling. Au-delà de sa base d’histoires, il fait appel à cinq types d’accroches percutantes afin de préparer les interlocuteurs à recevoir un message.

L’accroche par analogie exploite la similitude entre le sujet que vous souhaitez aborder et un autre sujet. Avec cette technique, il est possible de retenir l’attention grâce à une introduction solide. En revanche, pour choisir une accroche basée sur l’autre, il faut s’interroger sur ce qu’il fait, ce qu’il pense, ce qu’il ressent. Quant à l’accroche par les chiffres, elle permet de dire beaucoup en un minimum de temps. Autre moyen de retenir l’attention par son caractère inédit : le scoop. Enfin, livrer quelque chose qui est personnel est un bon moyen de créer un lien avec son audience mais avec ce type, il faut éviter la banalité et s’exprimer avec sincérité, en offrant une réelle intimité.